D'un seul coeur !

Veillée de Prière pour l'Unité des Chrétiens. Rennes. 20 janvier 2011
A partir d'Ac 2, 42-47

Frères et Sœurs,

Nous sommes ici ce soir pour la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens. A cette occasion, nous sommes donc invités à chercher ensemble, à mettre en valeur et à développer ce qui nous unit. C’était en tout cas le souci de l’équipe de jeunes protestants et catholiques qui se sont réunis pour préparer cette veillée. Si nous voulons travailler à l’unité, le plus important est bien d’insister sur ce qui nous unit plutôt que sur ce qui nous sépare. Cela sans naïveté excessive. Sans faire l’autruche et cacher qu’il existe encore des causes de divisions, des pas de réconciliation à faire. Mais je pense vraiment que faire l’étalage des différences : c’est regarder les choses par le mauvais bout de la lorgnette. C’est l’attitude de celui qui refuse d’avancer, d’évoluer. C’est une attitude qui est l’anti-thèse du texte des Actes des Apôtres que nous venons d’entendre. La première bonne nouvelle de ce soir est de nous rappeler que nous avons des points communs…Et non des moindres ! La première bonne nouvelle est de nous rappeler chers amis que nous ne sommes pas des étrangers les uns vis-à-vis des autres. Même si nous ne nous connaissons pas. Même si vous n’avez jamais rencontré votre voisin de droite ou votre voisine de gauche. Il me faut vous rappeler cette première bonne nouvelle qui n’est pas forcément d’emblée une évidence : vous êtes frères et sœurs en Christ. Je suis le frère de Siona et je suis le frère de Benoit. Et je ne les connais pas depuis très longtemps, ni très bien d’ailleurs. Mais j’en suis très heureux et fier ! La première communauté chrétienne que nous décrit Luc dans les Actes des Apôtres est composée d’hommes et de femmes qui se reconnaissent frères et sœurs. Qui acceptent que leurs relations soient transformées par le fait qu’ils ont reçu le même baptême : « au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ». A partir de ce moment là, vous ne pouvez plus regarder, parler à un autre chrétien, à une autre chrétienne de la même manière. Ces relations nouvelles sont très fortes. Nous l’avons peut être expérimenté nous-mêmes. Nous avons peut être des sœurs, des frères en Christ qui sont plus encore que des amis. Des frères, des sœurs, pas reliés par les liens du sang (ceux-là peuvent même faire souffrir parfois) mais reliés par ce lien unique qu’est la relation en Christ.

Juste avant ce passage, l’apôtre Pierre avait fait un grand discours d’évangélisation qui a remués ceux qui l’écoutaient « jusqu’au fond d’eux-mêmes » nous précisent l’auteur. Ces derniers demandent alors aux apôtres : « frères, que devons-nous faire ? ». Pierre les invite alors à la conversion, au baptême pour le pardon des péchés, à recevoir l’Esprit Saint. « Alors ceux qui avaient reçu la parole de Pierre se firent baptiser ». Et le texte donne alors une précision importante qui peut changer notre vision de la suite ; de cette description de la première communauté chrétienne qui peut nous paraître idyllique, un petit paradis sur terre. « Bah oui, c’était facile pour eux…tout partager, vivre unis, prier d’un seul cœur…Ils n’étaient pas très nombreux. C’est toujours plus facile de s’entendre à 12 qu’à quelques milliards !». Cette critique, si elle est effectivement frappée du bon sens, n’est pas vraiment recevable. Car nous apprenons que le « ils » qui débutent l’extrait que nous avons lu ce soir représente plus de trois mille personnes. C’est la précision qui nous est apportée juste avant. La première communauté chrétienne n’était donc pas un simple embryon de communauté. Ils étaient peut être déjà dix fois plus nombreux que nous ce soir. Ainsi l’apprentissage d’une vie commune, d’une vie d’unité a du se faire dans un groupe accueillant sûrement des diversités non négligeables. Je vis moi-même chaque jour dans une communauté avec vingt jeunes hommes et je peux témoigner que cela relève parfois de l’exploit ! Et pourtant l’exploit est possible. Cette belle description que nous venons d’entendre n’est pas à classer trop vite du côté d’un idéal que l’on ne pourra jamais atteindre. Bien sûr, nos communautés ne peuvent plus être vraiment les mêmes. Mais les piliers, les fondations sur lesquelles elles reposent n’ont pas de raison d’être vraiment différentes. Et encore une fois, redisons-le ce qui nous réunit : c’est le Christ. Il n’y a rien de plus important que cela. Nous sommes frères car nous recevons du Christ le même Père des Cieux. Nous le dirons ensemble tout à l’heure dans la prière du Notre Père qui nous est commune. Le cœur de l’unité est là. Ne le cherchons pas ailleurs. Ne nous laissons pas distraire par toutes sortes d’autres questions annexes, périphériques ou marginales. « Par-dessus tout, qu’il y ait l’amour ! » rappelle Saint Paul. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous vous reconnaitront ». Allons-nous accepter d’écrire une nouvelle page des Actes des Apôtres ? Une page pour aujourd’hui ? En sortant de cette église, est-ce que ceux qui vont nous croiser vont se dire : « regardez comme ils s’aiment » !

Cette veillée a été préparée et elle est animée par les jeunes de nos communautés. Ils ont là une ardente mission : permettre que demain ne soit pas comme hier ! Ils sont des signes d’espérance. Et quand je vois avec quelle facilité, avec quel esprit fraternel nous avons justement préparé cette soirée, je suis plein d’espérance.

« Que devons-nous faire ? » demandent les futurs baptisés à Pierre. Tout est écrit par Saint Luc. Rien de plus que ce que faisaient ces 1ers chrétiens. Mais rien de moins non plus :
-être assidus à l’enseignement des apôtres, ce que Guy Gilbert, le curé des loubards traduit par « bosse ta foi ». C’est une exigence aujourd’hui dans notre société pluri-culturelle, dans notre société où être chrétien ne va plus de soi. Nous devons avoir de justes raisons de croire.
- être assidus à la prière. Qu’elle soit personnelle (rentre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Seigneur, parle lui comme un ami parle à un ami) ou communautaire.
- être assidus à la communion fraternelle, au service des frères, de tous nos sœurs et frères, en particulier les plus démunis.
Dans un tout petit livre qui est un grand succès ces dernières semaines, un vieux résistant (Stéphane Hessel) invite les jeunes générations à s’indigner ! S’indigner contre la misère, contre la souffrance, contre l’exclusion : c’est bien. Mais pas suffisant ! Il faut aussi agir. Et heureusement, ils sont nombreux les chrétiens engagés dans toute sorte d’associations caritatives dans nos Eglises et bien au-delà.

Voilà le trépied de la vie chrétienne : bosse ta foi et lis la Parole de Dieu ; prie et agis ! Pas compliqué mais exigeant. Luc le résume peut être avec cette magnifique expression, chère à Frère Roger le fondateur de la communauté œcuménique de Taizé : vivre dans la simplicité du cœur. Avec des mots plus actuels je dirais : ne vous prenez pas la tête mais déchirez-vous le cœur ! Pourquoi ? Parce que tout cela rends joyeux ! Tout cela rends heureux. Et je vais même vous faire une confidence pour finir : tout cela est le seul chemin du bonheur !

A la suite des premiers Apôtres, de ces disciples qui se faisaient baptiser par milliers, de ces millions de témoins qui brillent dans notre histoire chrétienne depuis 2000 ans, nous voici.

Maintenant je vais me taire… Nous allons prendre quelques minutes en silence, avec la question qui est sur notre feuille : « au regard de ce que nous propose le texte des Actes des Apôtres, quelle est mon expérience de disciple aujourd’hui ? » Viens Esprit Saint, viens nous visiter. Viens Esprit Saint nous montrer ce que nous devons être, ce que nous devons faire pour être de fidèle disciple du Christ aujourd’hui. Viens Esprit Saint.
Souffle de l'Amour de Dieu, Esprit Saint
Au fond de notre âme Tu déposes la foi.
Elle est comme un élan de confiance
mille fois repris au cours de notre vie.
Elle ne peut être qu'une confiance toute simple,
si simple que tous peuvent l'accueillir.
Amen !

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