Vous avez un nouveau message !
Frères et Sœurs,
A l’heure où vient de se clore la Semaine de
prière pour l’unité des chrétiens, il est assez juste d’entendre ces textes qui
nous tournent vers l’écoute de la Parole de Dieu. Nous savons combien en effet,
c’est important pour nos frères protestants… et parfois pas assez pour nous
catholiques. J’aime raconter cette mésaventure : en préparant justement
une rencontre œcuménique entre jeunes cathos et protestants, nous voulions
trouver un texte biblique. Je me suis alors aperçu, à notre grande honte, que
tous les protestants avaient une Bible dans leur sac… Et aucun catho. Bon, aujourd’hui
cela se résoudrait peut être avec nos Smartphones tout puissants ! Et cela se résoudrait aussi car les évolutions
récentes vont dans le bon sens. Après une époque pas si lointaine où la Bible
ne devait pas être mise entre toutes les mains des baptisés, le Concile Vatican
II va être un formidable levier pour mettre l’Ecriture Sainte au cœur de nos
vies de Foi. Je voudrais ce dimanche continuer à faire résonner cet appel de
l’Eglise à avoir la Parole de Dieu comme compagnon de route quotidien, à faire
de sa lecture une fête comme celle décrite par le livre de Néhémie dans la
première lecture. « Esdras ouvrit le livre ; tout le peuple le voyait, car
il dominait l'assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout.
Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très
grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit : « Amen ! Amen ! » Puis
ils s'inclinèrent et se prosternèrent devant le Seigneur, le visage contre
terre. Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu, puis les
lévites traduisaient, donnaient le sens, et l'on pouvait comprendre. »
Peut être est-il utile de décrypter un peu ce passage. Pourquoi une telle
effervescence ? Car c’est une des premières fois que la Loi (c’est à dire
le Pentateuque soit les 5 premiers livres de notre Bible) est lue dans un livre. Auparavant toute la
tradition était orale et se passait ainsi de génération en génération. A l’époque
de Néhémie, on reconstruit les murs de Jérusalem et on transcrit la Loi dans
les livres. D’où l’importance de cette lecture publique du scribe (c’est à dire
de l’écrivain) Esdras. La parole échangée, humaine se met par écrit. Voilà un
beau mouvement très caractéristique de notre foi. « Elle est vivante, la
parole de Dieu » s’exclame la lettre aux Hébreux. Le Christ, lui-même est
ce Verbe fait chair qui prend vie dans chaque lecture de l’Evangile. D’ailleurs
avez-vous remarqué que tout de suite vous venez de répondre à « acclamons
la Parole de Dieu : Louange à Toi Seigneur Jésus ». A la lecture
d’Esdras, la foule se prosterna devant le Seigneur. Ce livre de l’Evangile, ce
livre de la Bible n’est pas un livre ordinaire car à sa lecture, Dieu se rend
présent d’où la beauté d’un évangéliaire, d’où les encensements (on encense que
Dieu, présent sous différentes formes). Nos frères juifs par exemple font très
attention à leur Bible. Ils sont offusqués par exemple de voir un Bible posée
par terre. Une prière de la liturgie juste avant le lecture de l’Evangile dit
ceci : « accueillons la Parole de Dieu : ce n’est pas une
parole humaine, c’est vraiment Dieu qui nous parle. » Peut être nous
faut-il refaire un acte de foi pour reconnaître cela. Oui, dans la lecture de
l’Evangile, ce n’est pas le P. Olivier qui vous a parlé, mais bien Dieu
lui-même. Chaque dimanche, au moins, chaque jour, si vous le souhaitez, Il vous
adresse un message personnel, particulier, qui ne sera pas celui de votre
voisin ou votre voisine de banc. Voilà pourquoi je suis attaché, avec l’Eglise,
à ce que, pendant la messe, et si nous le pouvons, nous écoutions la Parole de
Dieu plutôt que nous la lisions. Quand quelqu’un me parle, j’évite de lire mon
journal… Vous voyez que cela est profond.
Le Concile Vatican II, parmi ses nombreuses
préoccupations, a écrit un de ces textes
les plus importants sur l’Ecriture Sainte et la Tradition. Il s’appelle de deux
mots latins que vous allez tout de suite traduire : Dei Verbum, le Verbe
de Dieu, constitution sur la Révélation divine, sur la manière dont Dieu veut
se dire aux hommes « afin que » écrit le texte du Concile « en
entendant l’annonce du salut, le monde entier y croie, qu’en croyant il espère,
qu’en espérant il aime ». C’est ce texte justement que notre évêque nous
invite à découvrir cette année. Pour cela, il a demandé aux séminaristes de
Rennes, de nous préparer un petit livret contenant le texte, quelques
questions. Certains d’entre vous l’ont déjà. D’autres pourront le demander au
presbytère. Et je vais proposer que durant le carême qui vient nous marquions
cette année de la Foi par la lecture de la Bible et du texte Dei Verbum du
Concile Vatican II. J’en préciserai les modalités bientôt.
Nous devons être une paroisse nourrie
quotidiennement par le goût de l’Ecriture, par sa lecture. Mgr James, évêque de
Nantes, convaincu de l’importance de la
Parole, demandait dans son homélie de Noël que les enfants du catéchisme
apprennent par cœur des psaumes. Que ces textes soient dans leur cœur ! A
la Maison Charles de Foucauld, nous proposions la lecture continue de la Bible.
C’est à dire qu’à raison d’une heure et demie par jour de lecture, ils devaient
avoir lu toute la Bible pendant l’année universitaire. Quelle belle chose alors
de voir ces jeunes adultes intérioriser petit à petit tous ces textes bibliques
et être capable de les citer spontanément dans les occasions de la vie
courante. A nouveau la Parole prenait chair. « Elle est vivante, la Parole
de Dieu ».
Nous avons une grande chance aujourd’hui :
nous avons avoir ces textes à portée de
main ou de clic sur internet si l’on préfère. Je connais plusieurs personnes
qui se sont abonnés à l’évangile au quotidien et qui en allumant leur
ordinateur chaque matin lise et médite les textes du jour. Oui, nous ne pouvons
ignorer l’Ecriture Sainte. « Ignorer les Ecritures, c’est ignorer le
Christ »s’exclame un chrétien des premiers siècles.
Oui Frères et Sœurs,
En rentrant tout à l’heure, demain, au calme…
relisons l’Evangile de ce dimanche. Et demandons-nous : Quel message le
Seigneur a t-il voulu me donner aujourd’hui ? Pour moi ? Pour ma vie ?
Oui, en rentrant chez vous : relevez votre messagerie divine car vous avez
un nouveau message !
Amen !