Jean Baptiste : lanceur d'alerte !

Homélie 2é dimanche de l’Avent 2013

Frères et Sœurs,

« Nous avons perdu l'un des hommes les plus bons, les plus courageux et les plus influents de l'humanité » « Je ne peux pas imaginer ma vie sans l'exemple de Nelson Mandela », a dit le président des Etats-Unis, Barack Obama, visiblement ému. Il a ajouté que le jour de sa sortie de prison, Mandela « m'a fait comprendre ce que l'on peut réaliser lorsque l'on est guidé par l'espérance ». Une belle parabole du temps de l’Avent, non ?

La vie éprouvée et l’action de cet homme en faveur de la paix et de la justice est saluée dans le monde entier. Comme l’évoque le président Obama, il est un signe qu’un au-delà de soi est possible pour le bien des autres. Si je l’évoque avec vous ici ce matin, c’est que je crois qu’il peut nous aider aussi à comprendre ce grand personnage biblique du temps de l’Avent qui nous accompagne aujourd’hui : saint Jean Baptiste, le précurseur.

Jean-Baptiste est un prophète qui étonne. Par la description qu’en fait St Matthieu dans son Evangile, il insiste sur les côtés étonnants, on pourrait presque dire extravagants du personnage.

Saint Jean-Baptiste étonne par ce qu’il est, par ce qu’il dit, par ce qu’il fait. Je m’explique.

Etonnant par ce qu’il est : son vêtement (en poil de chameau) ; sa nourriture (des sauterelles et du miel sauvage). Par son mode de vie ultra sain et naturel au milieu de la nature, Saint Jean Baptiste pourrait être le premier des écologistes !
St Jean Baptiste de L. de Vinci

Etonnant par ce qu’il dit : Il a une parole de prophète. A ses interlocuteurs, pharisiens et des sadducéens, il dit des paroles dures : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? » Ne soyez pas trop fiers de vous-mêmes. Ne vous glorifiez pas d’être des enfants d’Abraham. Mais soyez cohérents avec vos paroles.

Etonnant enfin  par cette pratique du baptême d’eau. Au milieu du désert, au bord du Jourdain, il fait venir à lui des foules pour les plonger dans l’eau.

Jean-Baptiste nous étonne donc… Mais pourquoi fait-il cela ? Pour se mettre en valeur ? Pour attirer à lui des fidèles ? Pour sa propre gloire ?

Non, nous le savons bien. Jean-Baptiste lui-même le dit : il n’est là que pour annoncer Celui qui doit venir. Pour préparer le chemin à plus fort que lui, à Celui « qui vient derrière moi est plus fort que moi, et auquel je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. » Jésus le Christ qui lui aussi viendra recevoir le baptême de Jean-Baptiste… Mais en proposera un nouveau : baptême dans l’Esprit Saint et le feu.

Et Jean-Baptiste est très clair. En attendant la venue du Messie, nous devons nous préparer, nous devons nous convertir, nous devons aplanir la route et produire dans notre vie un fruit qui exprime notre conversion. Sur le chemin qui nous même à Dieu, il y a des embûches, des pierres que nous déposons nous-mêmes, des détours qu’un plaisir facile nous fait emprunter. « Convertissez-vous » clame Jean-Baptiste. Prenez la bonne direction et la route droite vers le Christ. 

Peut être sommes-nous un peu fatigués ? Peut être trouvons-nous que la route est dure car nous ne sommes pas épargnés par les épreuves de la vie ? Saint Paul nous invite à prier alors le Dieu de la persévérance et du courage ! « Frères, tout ce que les livres saints ont dit avant nous est écrit pour nous instruire, afin que nous possédions l'espérance grâce à la persévérance et au courage que donne l'Écriture. » Et il poursuit avec un conseil. Nous pouvons le prendre pour nous comme notre règle de vie pour la semaine qui vient : « Soyez bien d’accord entre vous selon l'esprit du Christ Jésus. Accueillez-vous donc les uns les autres comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu, vous qui étiez païens. »

Ce qu’Isaïe évoque par cette description : « Le loup habitera avec l'agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l'ourse auront même pâturage, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s'amusera sur le nid du cobra, sur le trou de la vipère l'enfant étendra la main. »

Tout cela peut paraître bien idyllique. Mais cela veut surtout nous inviter à marcher vers cette description du Royaume qui vient et que nous sommes invités à faire grandir chaque jour. Avec ce souci de nous accueillir les uns les autres. Tels que nous sommes avec nos énormes qualités bien sûr. Mais aussi nos petits défauts… qui pourtant parfois crèvent l’écran ! Et deviennent insupportables aux yeux des autres. 

Comment pourrions-nous accueillir le Christ si nous ne sommes pas capables de nous accueillir les uns les autres ? Voilà donc un point concret d’effort pour les jours qui viennent. Je choisi une personne de mon entourage, de ma famille qui ne me revient pas, que je ne comprends pas. J’écoute Jean le Baptiste : je me convertis. Je convertis mon regard sur elle. Je mets une garde à mes paroles déjà pour arrêter de dire du mal. Et je demande au Seigneur dans la prière de m’aider à l’accueillir telle qu’elle est. 

La véritable conversion passe par des gestes concrets. Elle se fait en acte et en vérité. Mandela a été ce signe de réconciliation entre les peuples d’Afrique du Sud. Il a montré que des années d’incompréhension et de mépris sont surmontables. Si chacun œuvre pour cela. Et notre foi nous pousse à être des signes de réconciliation dans le monde, autour de nous. Ici et maintenant. Exigence qui doit même et d’abord se vivre au sein de notre communauté.

Frères et Sœurs,

Cette semaine, gardons Jean-Baptiste pour compagnon de route. Entendons-le nous interpeller : « préparez-le chemin du Seigneur » et mettons-nous à l’œuvre concrètement dans l’attention à l’autre, et peut être le plus petit… celui qui n’aura pas la chance de bénéficier de l’aide d’une œuvre à grand impact médiatique… mais qui n’attends pas moins qu’on lui tende la main, qu’on lui donne un regard, un sourire… « Car le Royaume des cieux est tout proche. »

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