Homélie 2é dimanche de l’Avent - B
« Préparez les chemins du Seigneur ! »… Le
prophète Isaïe d’abord… puis Jean le Baptiste surement… et l’Evangéliste Marc
nous claironne en ce temps de l’Avent : « préparez le chemin du
Seigneur, rendez droits ses sentiers. » Toute la ville, les commerces, les
maisons se préparent à Noël. Cette semaine, j’ai fait les crèches du presbytère
et mis quelques décorations de Noël. Mais est-ce vraiment se préparer ?
Suis-je prêt ? Sommes-nous prêts à la venue du Christ en ce monde ?
Car voilà la question du jour. Comment nous sommes-nous préparés à accueillir
l’Homme-Dieu, le Semeur d’Espérance ? Vous connaissez peut être la devise
des scouts de Baden Powell « be
prepared » « toujours prêts » ! C’est une belle devise
spirituelle aussi. Chez les scouts, c’est être prêt à rendre service, la BA
quotidienne. C’est sûrement pas mal d’être toujours prêt à rendre service. Mais
peut être pas suffisant car, heureusement pour nous, ca peut arriver à tout le
monde… même à des non-croyants. Car il n’y a pas que les catholiques à être
serviables ! Je pense à ces beaux élans de solidarité qui marquent
particulièrement ces périodes de fin d’année. La collecte de la Banque
Alimentaire la semaine dernière par exemple. Les malouins ont montré qu’ils
savaient donner à plus nécessiteux qu’eux-mêmes, alors même que la crise frappe
de plus en plus de monde. Vivre concrètement la solidarité est très clairement
une manière de préparer le chemin du Seigneur, de faire advenir ici et
maintenant le ciel nouveau et la terre nouvelle que nous attendons.
« L’indifférence envers ceux qui sont dans le besoin n’est pas acceptable pour une personne qui se dit
chrétienne. » écrivait dans son tweet le Pape François le 6 novembre
dernier. Et on sait combien il est sensible à cette attention. En ce sens, je
me réjouis de l’initiative de la Table Ouverte de dimanche prochain où des
paroissiens accueilleront sous l’église ND des Grèves, ceux qui ne veulent pas
déjeuner tout seul ce dimanche midi. On construit la communauté chrétienne et
la communauté humaine par de telles initiatives fraternelles. Ainsi se prépare
les chemins du Seigneur.
Mais il me semble que nous devons allez plus loin. Pour
préparer les cœurs, Jean-Baptiste, le précurseur, proclamait un baptême de
conversion pour le pardon des péchés. Saint Pierre écrit dans sa lettre que le
Seigneur prend patience de l’avancée lente de son Royaume. Mais parce qu’« Il
veut que tous parviennent à la conversion ». Deux éléments dans cette
phrase.
Il veut que TOUS parviennent. Il est question de l’extension
de la conversion. Elle doit être proposée au plus grand nombre. Elle n’est pas
faite pour quelques purs qui se sauveraient d’un monde mauvais. Méfions-nous :
c’est une tentation actuelle. Les chrétiens ne sont pas les derniers des
mohicans, qui tels les indiens, vont se réfugier dans une réserve… pour
s’éteindre en paix. Ce que je décris peut sembler ridicule ou outrancier mais
certaines attitudes vont dans ce sens. Et si nous sommes minoritaires dans la
société française actuelle, cela ne doit avoir qu’un seul effet : nous
renforcer dans l’idée d’évangéliser, de porter la Bonne Nouvelle. « Elève
la voix avec force, toi qui porte la Bonne Nouvelle » proclame Isaïe.
Notre Eglise, nos paroisses, nos communautés, nous-mêmes devons être mobilisés
pour être témoins d’Evangile. Il s’agit d’être une Eglise « en
sortie » comme la qualifie le Pape François. Ne nous cachons
pas ! Jésus est le centre de notre
vie. Il illumine et donne sens à nos vies : alors pourquoi le
cacher ! Jean Baptiste s’est-il caché malgré ses choix de vêtements ou de
nourriture un peu extrême ? Il semble que, bien que dans le désert, il
était très entouré. « Le temps de
l’Avent nous apporte l’espérance, une espérance qui ne déçoit pas. Le Seigneur
ne déçoit jamais. » rappelle encore le Pape François. Tous ont besoin
d’espérance. Soyons semeurs d’Espérance.
Mais il faut encore aller plus loin ou plutôt plus profond.
Qu’est-ce qui montrera à tous la force de la foi ? Notre sourire ?
Sûrement et ce n’est pas négligeable. « Un saint triste est un triste
saint » dit l’adage. Mais ce sourire doit aller avec un cœur
souriant ! Il doit être vrai. C’est à dire le reflet de notre
« intérieur ». Rappelons la phrase de St Pierre : le Seigneur
« veut que tous parviennent à la conversion. » Il s’agit donc de
conversion, d’ancrer intimement en nous (d’où l’ancre dans le logo de l’année
de l’Espérance) le cœur à cœur avec le Christ. « Parlez au cœur » dit
Isaïe. « Voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et
l’attachement à Dieu » écrit saint Pierre. Préparez le chemin du Seigneur,
c’est, sans cesse, avec patience se convertir chaque jour un peu plus, un peu
mieux. Le Seigneur nous connaît. Il sait que nous sommes des femmes et des
hommes aux cœurs durs (nous ne sommes pas bretons pour rien !) mais qui
peuvent changer… reconnaître leurs péchés et se convertir. Quelle joie au ciel
pour un seul pécheur pardonné ! Soyons témoins d’Espérance jusque dans les
profondeurs de l’homme, de nos cœurs. Ecartons le mal pour faire le bien !
Frères et Sœurs,
Au boulot ! Il faut préparer les chemins du Seigneur.
Aplanir les routes, rendre droits les sentiers en vivant une fraternité
concrète et quotidienne. Il faut aussi préparer nos cœurs, nous habiller intérieurement
pour la fête qui vient. « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous
avez revêtu le Christ » chante une belle hymne baptismale. N’attendons
plus. Soyons prêts à la Rencontre !
Amen.