Bien des soucis !
8e Dimanche du Temps
Ordinaire-A
Frères et Sœurs,
Avez-vous bien
entendu le conseil de Jésus : « ne
vous faites pas tant de souci pour votre nourriture et vos vêtements » ? « Qui peut, en se faisant du souci,
allonger de quelques jours, même de quelques heures, sa vie ? » demande
Jésus. Personne. Et pourtant, qui ne se fait pas du souci ? Un peu ou
beaucoup de souci pour finir son mois, pour pouvoir acheter tel ou tel bien si
important ou tout simplement si beau !
« Ne vous faites donc pas de
souci » répond Jésus « Dieu,
votre Père céleste, s’occupe de vous ». Non seulement Il s’occupe de
vous car Il vous nourrit mieux que les oiseaux du ciel, vous habille mieux que
les lys des champs, mais « même si
une mère pouvait oublier son nourrisson, Dieu ne lui ne vous oubliera pas »,
rappelle Isaïe. Et le psalmiste enfonce le clou : « Je n’ai de repos qu’en Dieu seul, mon rocher, ma forteresse, mon
refuge, ma citadelle « inébranlable ».
« Comptez donc sur lui en tout
temps », conclut l’auteur biblique.
Compter sur
Dieu : voilà une bonne question !
Est-ce qu’il
m’arrive vraiment de compter sur Dieu ? Concrètement. Pas simplement en
pensée. Est-ce qu’il m’arrive de me reposer sur Lui ? Concrètement. De Lui
faire confiance jusqu’à s’occuper de mes affaires quotidiennes ?
concrètes ?
Un père de
famille me racontait récemment comment il s’est installé à St. Malo alors que
rien ne le laissait prévoir : une opportunité de travail, une maison comme
il fallait. « Vraiment,
disait-il, on a eu de la
chance ! » Je me suis
permis alors de dire que c’était peut-être la Providence aussi. Et il a tout de
suite repris la balle au bond. « Ah,
oui, c’est vrai ! C’est vraiment
l’œuvre de la Providence de Dieu tout ça ! » Elle passe parfois par des messagers, des
relais comme celui de St. Joseph. Une
autre famille a écrit une lettre à St. Joseph… et tout lui a été donné. Je
pense aussi aux filles de Sainte Jeanne Jugan, aux Petites Sœurs des Pauvres
qui remettent tout à la Providence pour ce qui est de la gestion de leurs
maisons. Et celle-ci est généreuse : j’en suis le témoin. Je pourrai ainsi
développer de multiples exemples.
Comme l’évoque
Saint Paul, il s’agit donc pour nous d’être de bons intendants de cette
Providence. Savez-vous la différence entre un intendant et un comptable ? Tous
les deux s’occupent de la gestion matérielle. Mais le comptable compte ce qui
rentre et ce qui sort. L’intendant lui, il gère : il répartit les
ressources équitablement et selon les besoins.
« Ce que l’on demande aux
intendants c’est d’être trouvés dignes de confiance ».
Nous sommes
invités à être de bons intendants des dons de Dieu. Comment ?
1.
Savoir
reconnaître que tout ce que nous avons vient aussi de Dieu. Peut-être le fruit
de notre travail … mais aussi le don de Dieu.
C’est ainsi le sens de la bénédiction de la table avant le repas.
Quelques secondes pour rappeler que ces légumes qui font notre soupe, même
s’ils ont été achetés au marché (ou chez Robin !), ils sont fruits de la
terre et du travail des hommes… Et dons de Dieu. Si nous savons demander,
sachons aussi rendre grâce, bénir, dire merci au Seigneur.
2.
Bien utiliser
ce que nous avons déjà… avant d’en vouloir toujours plus. Ne nous faisons pas d’illusion, nous sommes
les petits soldats de la société de consommation. Au fil des années, elle influence de plus en
plus nos esprits. J’entends encore Saint
Jean Paul II, s’exclamer de sa voix rocailleuse à Paris, au Bourget, en
1980 : « la société de
consommation n’est pas bonne pour l’homme ». Il voyait combien ces influences pouvaient
modifier notre comportement, et le « toujours plus » engendrer en
nous tant de souci.
Mais 1980 est
loin et nous sommes déjà à une nouvelle étape. Nous entendons quelques voix
prophétiques prôner « la sobriété heureuse ». Le Pape François l’évoque aussi à sa manière
dans l’encyclique Laudato Si avec ce
danger que nous ne puissions plus nous émerveiller des oiseaux du ciel et des
lys des champs, comme nous y invite Jésus.
Cette bonne et
saine gestion des biens doit se vivre aussi dans l’Eglise. Ainsi, comme curé,
je dois veiller à une bonne utilisation des biens qui me sont confiés. Rien ne
m’appartient, tout est reçu de vos dons - pas de subvention, d’où l’appel au
denier ou un nouveau moyen de faire la quête.
Et, en même temps, j’ai une infinie confiance en la générosité de Dieu
qui veille à son Eglise et lui donne ce dont elle a besoin. Je me permets
d’ailleurs de dire que nous avons en France une certaine chance d’être une
Eglise qui est assez libre car ni très pauvre, ni très riche non plus.
Finalement, à
travers cet exemple de nos biens, Jésus veut nous aider à discerner sa présence
fidèle et à vivre dans l’infinie confiance … car il est notre Père. Comme l’a
si bien écrit Charles de Foucauld :
Mon Père,
Je m’abandonne à Toi.
Fais de moi ce qu’il Te plaira.
Quoique Tu fasses de moi, je Te remercie.
Je suis prêt à tout. J’accepte tout.
Pourvu que ta volonté se fasse en moi,
En toutes tes créatures.
Je ne désire rien d’autre, mon Dieu !
Je remets mon âme entre tes mains.
Je Te la donne, mon Dieu,
Avec tout l’amour de mon cœur,
Parce que je t’aime
Et que ce m’est un besoin d’amour
de me donner,
de me remettre entre tes mains sans mesure
avec une infinie confiance.
Car Tu es mon Père.