Transfiguré, ressuscité !
Homélie
pour la fête de la Transfiguration
Dimanche 6 aout 2017
Eglise
Saint Malo de Paramé
Frères
et Sœurs,
Il
est des évènements de la vie qui bouleversent les choses, qui font regarder les
êtres, le monde autrement. C’est ce que j’ai vécu hier samedi. Au cœur des
ténèbres de la mort, une lumière a jailli. Aussi au lieu de me lancer dans une
grande explication théologique de l’expérience évangélique éminemment lumineuse
de la Transfiguration, je voudrais tout simplement vous parler d’une amie.
Cette
amie, Myriam, est née à Rennes, il y a 31 ans. Elle a vécue son enfance dans
une petite commune au nord de Rennes dans une famille aimante mais marquée par
le grave handicap du papa qui ne pouvait marcher. Malgré cela, comme jeune
vicaire de leur paroisse, j’ai été frappé par la très grande générosité de ses
parents. Ainsi leur troisième enfant a été adopté. Ainsi aussi, ils étaient
toujours prêts à se mobiliser pour la paroisse comme pour les causes
humanitaires des associations de la commune. Myriam a donc grandi dans cette
ambiance marquée par une foi profonde, la générosité d’âme sans être
épargnée par les épreuves de la vie.
Jeune,
Myriam s’est engagée à fond, « sans compter » comme dit la prière
scoute, dans le guidisme. Elle en a gravi toutes les étapes jusqu’à devenir
cheftaine de guides ainées encore ces dernières années. Car comme le dit
l’adage : « scout un jour, scout toujours ». Myriam était cette
grande sœur qui sait écouter quand il le faut, encourager si besoin, conseiller
avec prudence ou mettre en garde aussi, à l’âge décisif où l’on fait ses
premières expériences d’une vie d’adulte. Myriam savait faire grandir l’autre par
sa bienveillance manifeste et son regard positif.
Elle
s’est aussi beaucoup donnée pour sa paroisse. A chaque fois que demandé, elle a
mis ses compétences musicales au service de la liturgie. Elle savait être là
discrètement mais bien présente.
Notre
diocèse et singulièrement la Pastorale des Jeunes a aussi profité de ce
dynamisme qu’on pouvait croire inépuisable. A son initiative et avec quelques
compagnons, nous avons vécu un week-end d’évangélisation à Rennes au cœur de
l’hiver, voulant transmettre la joie de Noël à tous. Ainsi était né « Braise
in Breizh » ! Myriam a été présente aussi dans la proposition des JMJ
aux jeunes du diocèse, dans la pastorale étudiante. Lorsqu’elle faisait ces
études, elle fut, avec d’autres, l’initiatrice d’une coloc’ étudiante qui associait
études, vie fraternelle, prière joyeuse et évangélisation.
A
l’issue de ces études, Myriam devint comptable : pas le métier le plus
excitant du monde ! Pourtant, elle avait le chic pour présenter un bilan
avec le sourire ! Et rendre une A.G. rébarbative toute sympathique !
Elle met ses talents professionnels au service de l’Enseignement Catholique…
Car difficile pour elle de séparer sa foi ardente et son travail. Quelle chance
pour les établissements qu’elle a suivis !
Sur
son chemin, elle a aussi rencontré Jelle qui devint son mari il y a une dizaine
d’année. De leur amour, deux enfants
sont nés : Domitille et Ambroise. Un foyer heureux, toujours ouvert aux
amis de passages. Plusieurs séminaristes par exemple, aujourd’hui prêtres, peuvent témoigner, qu'ils aimaient bien venir partager une soirée en famille.

Il y
a 9 mois aussi, Myriam a commencé à ressentir des douleurs au dos. Elle a alors
consulté… Et l’on a découvert un cancer des os, là depuis trop longtemps déjà.
Myriam commence alors son chemin de croix, son combat avec le courage, la force
qu’on lui a toujours connue. A la maison ou à l’hôpital, elle étonne tous ces
visiteurs. Son mari témoigne : « au cours de ces sept mois, Myriam a
renouvelé ma foi. Elle m’a fait vivre une nouvelle conversion ». Myriam la
souffrante est encore évangélisatrice…
La
semaine dernière, un peu de répit permet de partir en famille dans la maison de
vacances au bord de la mer. Cet océan qu’elle aime particulièrement. J’ai été
le témoin des escapades du dimanche à Saint Malo qui se commençait par la messe
dominicale partagée avec notre communauté de Paramé. Et mercredi soir, Myriam
s’est éteinte.
Mais
cette expression commune est tout à fait impropre pour elle. Myriam ne
s’éteindra pas ! Elle brille encore. Juste avant de mourir, au prix d’un
énorme effort, elle a fait un signe de croix. Et avec son mari, elle a choisi
la prière d’abandon du Bx Charles de Foucauld pour la célébration de ses
obsèques : « Mon Père, je m’abandonne à Toi. Fais de moi, ce qu’Il te
plaira ».
Myriam
brille encore dans le cœur de Domitille, sa petite fille de 6 ans qui a
expliquée à son papa : « Maman :
elle a fait comme Jésus. Elle est morte, elle est ressuscitée. Elle est au ciel
où elle n’est plus malade. » La vérité sort de la bouche des enfants.
L’image
qui m’est venue quand j’ai appris le décès de Myriam est celle d’une
« vive flamme ». La flamme ardente qu’elle était, brillante d’une
lumière qui la dépasse, d’une lumière qui vient de Dieu, une lumière qui
transfigure, une lumière de Résurrection.
En
ce dimanche, l’Eglise, nous invite, avec Pierre, Jacques et Jean, à contempler
le Christ transfiguré, qui annonce déjà sa Résurrection. Ainsi « qui
regarde vers Lui, resplendira, sans ombre ni trouble au visage ». Je vous
invite donc à chercher et à trouver les « Myriam » qui vous
entourent. Ces femmes, ces hommes qui sont témoins de lumière dans notre monde.
Ces Pierre, Jacques et Jean qui reviennent de la Transfiguration et en sont
illuminés car ils ont rencontré le Christ vivant et en témoignent. Qui sont-ils
pour vous ces « disciples-missionnaires » ?
Je
vous invite aussi à être vous-même, les uns pour les autres, les témoins
lumineux de la rencontre avec la Joyeuse Lumière, le Soleil Levant, le Christ
ressuscité.
Amen.
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P. Olivier+