Oser y croire !
Homélie 3é dimanche de Pâques
Frères et Sœurs,
Une grande joie de mon ministère ces derniers
temps a été d’avoir de multiples occasions de confesser ; à la Basilique
Saint Sauveur avec qq jeunes prêtres où nous assurons une permanence le
mercredi de 15h à 17h, dans des paroisses, lors de WE Jeunes, retraites de
profession de foi ou autres. Bien souvent m’est revenu une question : n’ayez
crainte, je ne vais pas vous faire de grandes révélations, ceci ne relevait pas
de la confession ! On me dit donc : « mon père, vis à vis de la
foi, j’ai de plus en plus de questions ». Ou même carrément :
« je crois que je doute » ou « j’ai des doutes ». Cette
question n’est pas réservée aux jeunes. Parfois des personnes d’un âge mur me
le disent aussi. Peut être parmi vous, certains ne seraient pas loin de se
reconnaître. Devant les évolutions du monde et de l’Eglise, « da feiz an
tadou koz » la foi de nos ancêtres, simple, limpide, massive semble
chamboulée. On ose un peu plus poser des questions… Mais qui augmentent en nous
le trouble.
C’est bien l’Evangile de ce jour qui m’invite à
cette réflexion. Jésus ressuscité était là au milieu d’eux… Et pourtant « frappés de stupeur et de crainte, ils
croyaient voir un esprit » écrit Saint Luc. « Jésus
leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui
surgissent en vous ? Voyez mes mains et mes pieds : c'est bien moi !
Touchez-moi, regardez : un esprit n'a pas de chair ni d'os, et vous constatez
que j'en ai. »
Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds.
Dans leur joie, ils n'osaient pas encore y croire, et restaient saisis d'étonnement. »
Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds.
Dans leur joie, ils n'osaient pas encore y croire, et restaient saisis d'étonnement. »
Evidemment la Résurrection qui est au
cœur de notre foi, qui est l’élément décisif de la foi, c’est bien pour cela
que l’on baptise les catéchumènes adultes dans la nuit de Pâques, la
Résurrection du Christ trouble les disciples comme elle peut encore nous
troubler aujourd’hui. Alors que faire lorsque nous avons des questions
troublantes pour notre foi ?
D’abord deux point de méthode :
Le premier, je rappelle que comme l’a
écrit le brillant Cardinal Newman que « mille questions ne font pas un
doute » ! Ne mélangeons pas tout.
Deuxièmement, soyons plutôt rassurés
d’avoir des questions. Une foi qui ne se questionne plus me ferait par trop
l’impression d’être une foi morte.
Ceci dit, que faire ? Regardez
attentivement l’Evangile de ce matin. Faire comme Jésus qui est le Maître par
excellence.
D’abord, Jésus leur dit
« avez-vous quelque chose à manger ? » Etonnant non ? Nous
sommes après toutes les épreuves de ce long chemin vers la Croix, la mort, le
tombeau retrouvé vide au 3é jour, l’annonce par certains de l’avoir revu dont
nos célèbres pèlerins d’Emmaüs, sa présence au milieu des disciples dans des
retrouvailles bouleversantes… Et voilà Jésus qui a faim. Je vois deux messages
dans cette demande de Jésus :
-
le premier : n’allez
pas chercher midi à 14h. Vous êtes troublés. Mais je suis là, semble dire
Jésus. En chair et en os, ressuscité certes, mais avec un petit creux bien
humain. « il prit le poisson grillé et le mangea devant eux ». Dans
une autre apparition préalable «ils le reconnurent à la fraction du
pain ». C’est dans ma présence réelle que vous aurez la réponse à vos
questions.
-
Le second
message : quant on a faim, il faut se nourrir ! C’est aussi simple
que cela. Si vous vous posez des questions sur la foi, c’est que vous avez faim
de mieux la connaître, la comprendre. Quelque chose vous échappe et vous voulez
aller plus loin. Alors il faut vous nourrir ! Nourrir votre foi comme on
prend bien soin de nourrir son corps : nourrir aussi son esprit.
En extrapolant un peu, mais d’une
manière qui ne me semble pas outrancière, c’est en vivant les sacrements de
l’Eglise, signes visibles de la présence du Christ, que vos doutes pourront
s’effacer. C’est en allant à la Messe le dimanche que l’on renforce sa foi en
sa présence. On peut aussi la prolonger par l’adoration eucharistique. Mais
aussi dans une pratique régulière du sacrement du pardon. Dans l’accueil du don
de l’Esprit comme nous allons le vivre de manière extraordinaire cette année à
la Pentecôte avec les 800 confirmands de notre diocèse. Vivre sa foi en
fidélité à ce que l’Eglise nous demande est une première manière de répondre à
ces questions.
Mais Jésus nous propose aussi un autre
moyen de nourrir sa foi : «Il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des
Ecritures ». Ce qui m’invite à vous proposer deux pistes.
La première : la fréquentation
régulière de l’Ecriture Sainte. Je suis sûr que vous avez une ou plusieurs
Bibles chez vous. Malheureusement, en bon catholique, elle reste peut être bien
rangée dans sa bibliothèque. D’ailleurs où est –elle ? Peut être même
qu’en rentrant il va falloir chercher un peu pour la retrouver… Ce n’est pas
normal ! Nous devons ouvrir la Bible tous les jours. Nous le faisons peut
être grâce à la liturgie. Lisant dans Prions ou Magnificat le texte de
l’Evangile du Jour. C’est déjà bien. Mais quelle expérience extraordinaire de
faire comme Jésus : de donner à ces extraits d’Evangile un peu plus
d’ampleur en regardant tout ce qui a été écrit sur le Christ dans « la loi
de Moïse, les Prophètes, les Psaumes » et toute la richesse du Nouveau
Testament dans sa diversité. Voilà notre repère sûr pour nous guider sur le
chemin de la foi. Nous avons en plus la chance d’être à une époque où les
recherches exégétiques nous sont accessibles à travers les notes de nos bibles.
Lisez, relisez la Bible.
Deuxième piste : Saisir les
opportunités nombreuses de développer l’intelligence de notre foi. Si j’ai du
mal à croire à la Résurrection, par exemple, j’ai sous la main une réserve de
moyens nombreux et divers pour nous informer : des livres pour tous les niveaux,
des vidéos, des revues, des sites internet dont on aura vérifié la catholicité
bien sûr, des formations, des groupes de réflexions, que sais-je… Quand
avons-nous pour la dernière fois lu, ne serait-ce qu’un article qui nous a
permis d’apprendre quelque chose ? Le drame de beaucoup de jeunes est
qu’ils ont une foi de bébé avec une intelligence d’ingénieur high tech !
Cela ne peut pas durer.
Frères et Sœurs,
Devant la Résurrection du Seigneur que
nous fêtons chaque dimanche, peut être sommes-nous comme les premiers
disciples ? Dans notre joie, nous n’osons pas y croire vraiment. Pourtant
nous entendons le Christ nous dire : « c’est vous qui en êtes les
témoins » aujourd’hui pour ce monde. Sûrs que c’est une bonne nouvelle qui
peut bouleverser le monde plus que les résultats d’une élection, mettons tout
notre cœur, toute notre intelligence au service du Dieu de la Vie !