Tout donner




Homélie 31é dimanche du T.O. B

Frères et Sœurs,
Vous connaissez tous l’action extraordinaire de Mère Térésa qui a répandue à travers le monde des communautés accueillantes aux plus déshérités de tous. J’ai visité il y a quelques années la communauté présente au Niger avec des malades du Sida, particulièrement des mamans avec leurs enfants souvent eux-mêmes dénutris. A quelques années de distance, ces images restent gravées en moi. Il fallait essayer de sourire… Mais comme c’était dur. Par contre, les Sœurs, elles rayonnaient. Elles avaient pour tous la même attention, la même simplicité et une incroyable joie de vivre. Bien sûr, nous sommes allés prier avec elles dans leur oratoire. Et comme dans toutes les communautés des missionnaires de la Charité, il n’y a quasiment rien : qu’une croix et cette inscription en anglais : «  I Thirst » : « j’ai soif ». Et la sainte de Calcutta commente ce mot de Jésus ainsi : «  J'ai soif » est bien plus profond que Jésus vous disant « Je vous aime ». Tant que vous ne savez pas au plus profond de vous que Jésus a soif de vous, vous ne pouvez pas savoir qui il veut être pour vous. Ou qui il veut que vous soyez pour lui. » Mère Teresa poursuit « Jésus a soif, même maintenant, dans votre cœur et dans les pauvres, il connaît votre faiblesse. Il veut seulement votre amour, il veut seulement la chance de vous aimer. » Elle aimait dire que Jésus se cache dans les pauvres que nous rencontrons et qui nous demande de l’aide. Et quand ils nous demandent « donne-moi à manger » ou « donne-moi à boire » comme le prophète Elie à cette pauvre veuve ou comme Jésus à la Samaritaine, c’est Dieu lui-même qui nous interpelle et met à l’épreuve notre foi. Tu n’as plus de farine ? Tant pis, dit Elie, donne-moi quand même un morceau de pain. Et si tu le fais, Dieu lui-même viendra remplir ta jarre de farine, ton vase d’huile. Tu n’as pas d’argent ? Donne quand même tes deux piécettes. Dieu lui-même voit ta générosité. Tu n’as qu’une vie ? Donne-la. Dieu lui-même prendra soin de toi car à ses yeux chaque femme, chaque homme, chaque enfant vaut plus que tout l’or du monde. Saint François de Sales écrivait que « le bien ne fait pas de bruit ». Effectivement la générosité extrême de cette veuve n’a pas fait de bruit avec ces 2 maigres piécettes. Ceux et celles qui se dévouent pour les autres le font en toute discrétion. Ils ne tiennent pas à en parler. Mais ils agissent. Ils ouvrent leur porte, leur cœur, se laissent toucher et donnent. J’ai souvent constaté l’étonnante solidarité des plus pauvres. Ils nous donnent de belles leçons d’humanité et de foi. Car la charité n’est pas un accessoire de la Foi en Jésus Christ. Ce n’est pas seulement parce que je suis catho et pour me donner bonne conscience que je donne quelques euros (et parfois même beaucoup) à telle ou telle organisation caritative. Mais c’est bien « la charité du Christ qui nous pousse » 2Co 5,14 comme l’écrit Saint Paul. C’est Lui qui le premier s’est donné tout entier, n’a rien retenu pour notre salut. Connaissez-vous « Santig du » , le petit saint noir ? Jean Discalcéat était un franciscain breton du XIVé siècle, qui fut recteur de St Grégoire près de Rennes et fut surtout connu pour son amour de la pauvreté. Il doit son nom au fait qu’il ne portait jamais de sabot. Il a terminé sa vie à Quimper et fut canonisé par la voix du peuple. Dans la Cathédrale Saint Corentin de Quimper, près de sa relique, une tablette reçoit encore aujourd’hui du pain déposé là par des anonymes et récupéré par des personnes dans le besoin. Cette pratique originale remonte au XVé siècle et perdure aujourd’hui encore. Dans quelques instants, je vais laisser la parole à un délégué du Secours Catholique qui fera appel à votre générosité. J’ai voulu que nous l’entendions maintenant car il ne s’agit pas d’une annonce de plus. Nous l’avons bien compris avec les textes de ce jour. « Le Seigneur fait justice aux opprimés, aux affamés il donne la pain, il redresse les accablés, il aime les justes, il protège l’étranger, il soutient la veuve et l’orphelin ». Et pour cela, il a besoin de nous. En cette fin d’année, nous sommes, je le sais bien, assailli de demandes de toute sorte. Je me permets deux conseils :
-       le premier : devant la multitude des appels, allons à l’essentiel, au plus sérieux et efficace. Et le tape à l’œil n’est pas une assurance de réussite. C’est l’Evangile qui nous le dit.
-       Le second : rien ne vaut l’action concrète, discrète, humble, quotidienne que nous pouvons mener nous-même. La charité commence au coin de la rue. Dans votre famille, parmi vos amis. Même si nos télés ou nos ordinateurs nous emmènent à l’autre bout de la planète en un clic, n’oublions pas que notre voisin a peut être besoin d’attention, d’un peu de sollicitude pour échapper à la solitude. « La grande pauvreté s’accroit dans notre pays » rappelle malheureusement le président du Secours Catholique. Cela doit aussi être vrai près de nous. Raison de plus de nous aider les uns les autres.

Frères et Sœurs,
Mère Térésa disait à ses sœurs : « Jésus veut rassasier sa propre faim de notre amour en se cachant derrière les traits de l'affamé, du lépreux, du mourant abandonné. C'est pourquoi nous ne sommes pas des assistantes sociales mais des contemplatives au cœur même du monde. Nos vies sont consacrées à l'eucharistie par le contact avec le Christ, caché sous les espèces du pain et du corps souffrant des pauvres ». Dans quelques instants, nous viendrons nous aussi communier au corps du Christ. Qu’Il soit notre force pour donner, tout donner.

Amen !




  


  

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