Triste ou difficile ?
Homélie Mercredi des Cendres 2013
Frères et Sœurs,
Voilà bien une semaine chargée en événements
religieux. Elle a débuté lundi par la nouvelle qui nous a tous surpris de la
décision de Benoit XVI de mettre fin à sa charge le 28 février prochain. Je
lirai un message de Mgr d’Ornellas à ce propos à la fin de la messe. Et nous
voilà entrant dans le temps du Carême ayant à peine vu passer le temps
ordinaire. Peut être pourrions-nous trouver là une première invitation pour ces
4O jours : ralentir notre rythme… Essayer de mettre de petits temps de
désert dans la course du quotidien. Car voilà la grande invitation de Jésus en
ce jour : faire avec lui le chemin vers Pâques, l’accompagner sur cette
route escarpée et rude qui mène au sommet de notre vie liturgique et chrétienne
la grande et belle nuit de la Résurrection ! Le moment choisi par Benoit
XVI n’est certainement pas anodin. Il pourrait nous dire ceci : ne vous
inquiétez pas trop de moi… Mais regardez plutôt vers le Christ, Celui qui est
le seul Maître pour notre foi. Benoit XVI semble nous dire : « Trois
jours avec les feux médiatiques braqués sur le Vatican : cela suffit.
Maintenant entrez dans le Carême résolument, comme moi, j’entre résolument dans
cette démarche d’abandon entre les mains du Père. » Il conclut d’ailleurs
ainsi son message de Carême : « Chers
frères et sœurs, en ce temps de Carême, où nous nous préparons à célébrer
l’événement de la Croix et de la Résurrection, dans lequel l'Amour de Dieu a
racheté le monde et illuminé l’histoire, je vous souhaite à tous de vivre ce
temps précieux en ravivant votre foi en Jésus Christ, pour entrer dans son
parcours d’amour envers le Père et envers chaque frère et sœur que nous
rencontrons dans notre vie. A cette fin j’élève ma prière à Dieu, tandis que
j’invoque sur chacun et sur chaque communauté la Bénédiction du Seigneur ! ».
Le geste des Cendres que nous allons recevoir dans un instant est ce signe
qui manifeste notre accord pour entamer notre chemin de conversion, de
réconciliation. Nous avons entendu ces appels magnifiques de la Bible : du
prophète Joël « Revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et
miséricordieux, lent à la colère et plein d'amour, renonçant au châtiment. »
et de Saint Paul « Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous
réconcilier avec Dieu». Difficile de rester assis sur notre chaise !
Mais vous allez me dire que je suis très
optimiste, que le Carême n’est un temps très joyeux et donc que l’on n’y entre
pas comme lorsque l’on part en vacances. Ce matin, avec les enfants, nous avons
fait la différence entre « triste » et « difficile ». Le
Carême n’est pas triste puisqu’il est une invitation à une plus grande
proximité avec Dieu et qu’il nous achemine vers la joie immense de Pâques. Mais
il est peut être difficile. Comme un chemin de montagne ou de marche qui peut
être tortueux, demander de gros efforts de notre part mais qui nous procure
beaucoup de bonheur à l’arrivée au sommet. Reprenant l’exemple de Benoit XVI,
il faut souvent avoir le courage de faire des choses difficiles. Un père
eudiste écrivait alors qu’il devait abandonner sa charge d’enseignement, gagné
par une maladie incurable : avoir « le courage de l’abandon ».
Aller au désert avec le Christ oblige à abandonner toutes nos tentations de
pouvoir, de savoir ou d’avoir. Avec le Christ, il nous faut mener le combat du
désert. « La vie est un combat : accepte-le ! » écrivait
Mère Térésa qui s’y connaissait en matière de lutte contre la pauvreté et la
maladie. Dans ce combat, nous ne sommes pas démunis. Jésus nous offre trois
armes efficaces : le jeûne, la prière et l’aumône ou autrement dit :
la pénitence, le prière et le partage. Chacun connaît bien cela. Inutile de
développer longuement. Simplement rappelons-nous bien que si nous nous
abstenons de manger ou de cigarette, si nous donnons à une association
caritative ou si nous prions l’Angélus, ce n’est pas pour obéir à une règle,
fut-ce t’elle d’Eglise. Non ! Tout cela, nous le faisons pour mieux nous
approcher du Christ, pour suivre sa route et mieux nous accorder, nous
encorder, à Lui.
Tout cela finalement, Frères et Sœurs, nous le
faisons par amour. Dans son message de carême, Benoit XVI rappelle qu’à l’origine du fait d’être chrétien, il
n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un
événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là
son orientation décisive... Comme Dieu nous a aimés le premier (cf. 1 Jn 4,
10), l’amour n’est plus seulement « un commandement », mais il est la réponse
au don de l'amour par lequel Dieu vient à notre rencontre ».
Prenons donc résolument, ce soir, ce chemin
d’Amour et de Foi sur lequel nous sommes invités à trouver Dieu, à trouver nos
frères car « l’amour du Christ nous presse ».
Amen !