Saint Patrick ou le combat de la foi !
Homélie de la Saint Patrick
Martyrologe
romain Mémoire de saint Patrice (Patrick), évêque. Né
en Grande Bretagne, il fut capturé par des pirates irlandais. Ayant retrouvé sa
liberté, il voulut entrer dans le clergé et retourna en Irlande, décidé à
consacrer sa vie à l’évangélisation de l’île. Ordonné évêque, il s’employa avec
adresse et succès à faire connaître le Christ, en s’adaptant aux conditions
sociales et politiques du pays et il organisa solidement l’Église, jusqu’à sa
mort à Dunum (Down), en 461.
Frères et Sœurs,
Le journal La Croix consacre sa dernière édition à étudier
sous toutes ses coutures le choix du nouveau souverain pontife de s’appeler
François. François et non pas François Ier a bien précisé le Vatican. Le titre
est celui-ci : « François : un nom, un programme ». Il
semble bien, en effet, que ce choix par son originalité est loin d’être anodin.
C’est bien le Poverello d’Assise qu’il a voulu honorer : "Durant l'élection, j'étais à côté de
l'archevêque de Sao Paulo Claudio Hummes, un grand ami (...) Quand les choses
sont devenues dangereuses, il m'a réconforté et quand les votes (en faveur de
Jorge Bergloglio, NDLR) ont atteint les deux tiers (le seuil pour être élu,
NDLR), il m'a serré dans ses bras, embrassé et m'a dit: +Et n'oublie pas les
pauvres!+". "Immédiatement, en relation avec les pauvres, j'ai pensé
à François d'Assise (...) l'homme de la pauvreté, l'homme de la paix",
a-t-il raconté hier aux journalistes. "Comme je voudrais une Église
pauvre, pour les pauvres" a t-il ajouté. Donnant donc par là ce qui
deviendra sûrement une orientation significative à son pontificat.
Notre paroisse a choisi elle le nom de Saint Patrick il y a
quelques années. Il semble donc juste d’aller explorer ce que cela peut vouloir
dire pour nous, si le choix de ce saint patron grand breton émigré en Irlande peut
avoir du sens pour nous aujourd’hui.
Je suis loin d’être un spécialiste de la vie de Saint Patrick
à ce jour mais je voudrai relever cependant quelques points intéressants dans
la vie de celui-ci. Et je commence en citant Jean-Paul II :
« Saint Patrick
fut le premier Primat d'Irlande. Mais il fut surtout celui qui sut mettre dans
l'âme irlandaise une tradition religieuse si profonde que chaque chrétien en
Irlande peut à juste titre se dire l'héritier de saint Patrick. C'était un
Irlandais authentique, c'était un chrétien authentique: le peuple irlandais a
su garder intact cet héritage à travers des siècles de défis, de souffrances et
de bouleversements sociaux et politiques, devenant ainsi un exemple pour tous
ceux qui croient que le Message du Christ développe et renforce les aspirations
les plus profondes des peuples à la dignité, à l'union fraternelle et à la
vérité." (Discours au Corps diplomatique - Jean-Paul II - 29 septembre
1979)
Allons plus loin. Que pouvons-nous tirer de la vie de St Patrick pour
nous, pour notre vie chrétienne, pour notre communauté ?
Saint Patrick, nous raconte t’on, était un homme de fort
caractère, ayant même eu une jeunesse batailleuse… Cela peut nous rappeler que la vocation de
chacun peut être inattendue. Qui connaissait le jeune Patrick bagarreur et fier
de lui ne pouvait imaginer qu’il deviendrait ce saint reconnu. Nous ne devons donc
jamais désespérer des autres ou de nous-même. Comme nous ne devons pas désespérer
de notre jeunesse. Nous devons l’espérer au contraire. Si elle trouve des
communautés chrétiennes vivantes qui sont capables de lui offrir le Christ,
elle saura alors trouver en Lui son bonheur. Avec Saint Patrick, comme avec la
femme adultère de l’Evangile, nous comprenons, une fois encore, que la sainteté
est pour tous. Et plus particulièrement peut être pour les cabossés, pour les
rétifs, pour les pécheurs. Saint Patrick avait lui-même sans doute compris que
pour grandir dans la foi, il faut fréquenter des croyants. Ainsi il a passé
plusieurs années avec les moines de l’Abbaye de Lérins puis fait son séminaire
avec celui qui deviendra Saint Germain l’Auxerrois. Ce dernier a décelé en
Patrick l’homme de foi, et malgré son passé dont il a eu connaissance, il l’a
finalement ordonné évêque. Notre communauté doit donc être ce lieu où le Christ
est offert à tous sans préjugé. « Que celui qui n’a jamais péché, jette la
première pierre ».
Cet accueil de tous est déjà une démarche missionnaire. Car
il serait difficile de parler de Saint Patrick sans évoquer l’immense travail
missionnaire qu’il a réalisé en Irlande, qui, rappelons-le, n’était pas son
pays natal (il est né en Angleterre) et même était le pays où il a été fait
otage dans sa jeunesse. Celui qui est devenu un symbole irlandais
incontournable est donc un déraciné qui apporte la foi sur une autre terre que
la sienne et qui va en quelques années convertir un peuple ancré dans des
traditions druidiques païennes. Il va gagner au Christ par ses prédications (il
explique la Trinité en faisant référence aux trois feuilles du trèfle), par ses
relations avec les puissants, par son intelligence et sa conviction
communicative. Quant les derniers papes, nous parle de nouvelle évangélisation,
quant les évêques de France nous invitent à proposer la foi à la société
actuelle, nous ne sommes pas loin de l’œuvre de Saint Patrick. Notre monde
s’est fabriqué de nouveaux dieux, d’autres idoles d’argent, de célébrité
éphémère et médiatique, de toute-puissance technique ou médicale. Pour avoir
passé 6h. dans ma voiture entre Rennes et Saint Malo lundi dernier, je peux
vous dire que le XXIé siècle à la technologie tout puissante en a pris un
coup ! Nous sommes donc dans ce monde qui a besoin de recevoir une parole
d’espérance. Hier une famille nous a demandé de célébrer une prière autour d’un
défunt à l’hôpital en nous prévenant bien qu’il y avait là des non-croyants. Et
à l’issue de cette prière guidée par un laïc de notre communauté, l’un des
participants lui a dit : « vous m’avez redonné l’espérance ».
Ne croyez donc pas que l’on attend plus rien de l’Eglise. Les demandes sont
parfois étonnantes, mal formulées, maladroites mais le cœur de l’homme est sans repos tant qu’il demeure loin de Dieu. Nous pouvons donc continuer à évangéliser
aujourd’hui. Et les cathédrales qu’a bâtit Saint Patrick pour établir la foi
catholique, nous avons aujourd’hui à les bâtir dans les cœurs.