A genoux devant Dieu.
Homélie Epiphanie 2014
Frères et Sœurs,
A entendre le récit de l’Evangile de ce matin avec ces
rois-mages venus d’Orient qui viennent visiter un enfant dans une crèche guidés
par une étoile apportant de riches présents : myrrhe, encens ou or, nous
avons presque l’impression de nous trouver dans l’univers d’un conte pour
enfants… un autre conte des milles et une nuit ? Et si on y rajoute la
tradition remontant à l’empire romain de la galette des rois, tout y est pour
prendre tout cela pour une histoire d’enfants, de celle que l’on aime raconter
pour les endormir après ces journées d’excitation des fêtes de fin d’année.
Mais ne nous y trompons pas. Nous ne sommes pas ici dans un
conte. L’Evangéliste n’a pas voulu ni nous endormir, ni nous attendrir avec ces
mages. Nous ne sommes pas dans l’imaginaire. Au contraire. Jésus dans la
crèche, venu du côté de Dieu, s’est fait homme, s’est fait petit enfant. C’est
une réalité. C’est un fait historique, aussi troublant soit-il. Et c’est bien
ce que ces mages viennent constater. En Jésus, Dieu se révèle dans l’histoire
des hommes et du monde. L’image de la crèche peut être charmante, elle n’en est
pas moins vraie.
Cependant, ce matin, l’invitation qui nous est faite est peut
être d’oser retrouver notre cœur d’enfant. D’oser nous émerveiller comme un
enfant devant la crèche. C’est Jésus qui le dit « laissez venir à moi les
enfants car le Royaume des cieux leur ressemble. ». Et si devant la
crèche, nous retrouvions notre simplicité d’enfant. Ici à l’église, chez nous à
la maison, se mettre devant la crèche et s’émerveiller, contempler ce que nous
voyons, dans le silence. « Regarde,
écrit Isaïe, regarde l'obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les
peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi. »
Comme les mages. « Quand
ils virent l'étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. En entrant dans la
maison, ils virent l'enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se
prosternèrent devant lui. » Dans ces exercices spirituels, Saint
Ignace, recommande au retraitant de « s’immerger » dans la scène
d’Evangile qu’il médite. Ainsi nous aussi, nous pourrions prendre la place d’un
mage : Melchior, Balthazar ou Gaspard. Et avec la simplicité dont cela
nous est raconté dans l’Evangile : tomber à genoux, se prosterner devant
l’Enfant (remarquer que rien d’autre n’est précisé par Matthieu). Et si nous
osions, nous mettre à genoux devant Jésus, devant notre Dieu. Ce n’est un signe
de soumission servile. Ici ce sont des rois, donc des maitres qui s’abaissent
devant celui qu’ils reconnaissent plus grands qu’eux. Ce que sera incapable de
faire Hérode, tellement imbu de lui-même et de sa supériorité. Voilà ce que
peuvent déjà nous apprendre ces mages : à nous mettre à genoux devant
Dieu.
Aujourd’hui, on n’a l’impression que c’est ringard de
s’agenouiller… Mais surtout n’est-ce pas parce que notre cœur n’ose refaire le
geste des rois mages ? Je peux le dire très facilement car je l’ai appris
en arrivant au Séminaire. Les séminaristes s’agenouillaient en entrant dans la
chapelle. Moi, je n’avais pas appris le sens de ce geste. Alors de toute ma
fierté, je me suis dit : jamais… Heureusement, il n’y a que les imbéciles
qui ne changent pas. Depuis j’ai appris… Maintenant j’aime prier à genoux.
Nous avons un corps. Or différentes attitudes sont possibles
pour prier. On peut être debout : signe du chrétien vivant devant son
Dieu. Mais aussi à genoux parfois. Nos attitudes disent quelque chose de
nous-mêmes.
Avec les mages, nous ré-apprenons à nous mettre à genoux
devant ce que Saint Paul appelle « le mystère du Christ. » devant l’Enfant
Dieu, que nous voulons recevoir et accueillir dans nos vies.
Le Pape François, dans chacune de ces interventions le
rappelle. Il nous recentre sur la rencontre du Christ, ce qui est l’essentiel
d’une vie chrétienne.
Mais ces mages nous apprennent une autre chose : ils viennent
de loin, d’autres pays… On aime évoquer qu’ils sont venus d’autres continents ;
présentant l’hommage de tous les peuples à Dieu. Ils nous disent l’universalité
de la foi. Pour tous les hommes et les femmes de ce monde. Devant Jésus Christ,
« Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il
n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous
êtes un en Jésus Christ. » écrit encore Saint Paul.
Aujourd’hui, nous sommes invités à unir notre prière à celle
des peuples du monde, du monde entier et particulièrement des Eglises
d’Afrique.
Avec les mages, osons nous prosternez devant Jésus le Christ.
Présentons le meilleur de ce que nous sommes. Demandons-lui de faire de nous de
beaux présents pour nos frères et sœurs les hommes qui attendent cette bonne
nouvelle d’un Dieu qui les aime.
Amen !