le Royaume tout proche...
Homélie 3é dimanche du T.O. – A
Frères et Sœurs,
Dieu est bon. Nous avons vécu un très triste vendredi,
pluvieux à souhait et sans discontinuer. De quoi rendre neurasthénique une
armée de clows ! Et samedi, le retour du soleil. Des études très scientifiques
et sérieuses ont dit combien la lumière avait une influence sur notre moral.
Ainsi on comprend aisément pourquoi l’annonce prophétique d’Isaïe dans la
première lecture, que nous avions déjà entendu dans la nuit de Noël :
« Le peuple qui marchait dans les
ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de
l’ombre une lumière a resplendi.» cette annonce est associé à la joie, à
l’allégresse, à l’exaltation même : « Tu as prodigué l’allégresse, tu as fait grandir la joie : ils se
réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson.» Et cette
joie doit être la notre. Cette joie que distille à longueur de rencontres,
d’homélies, de discours, le Pape François. La joie qui peut être celle de ceux
qui ont reconnu en Jésus le Christ, le Sauveur, Celui qui vient illuminer d’un
jour nouveau le monde, notre monde.

Mais je sens bien vos questions, vos réticences : « Père Olivier : ne tombez pas
dans l’optimisme béat ! ». Et comme vous avez raison.
Dernièrement un sondage nous apprenait qu’en ce début d’année le moral des
Français est descendu à son niveau le plus bas en une vingtaine d'années,
seules 30% des personnes interrogées se disant "optimistes" pour
l'avenir, selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest France. Tout autour de
nous, nous pouvons voir des signes contradictoires qui nous indiquent que le
Royaume n’est pas encore pleinement là. Saint Paul y fait allusion déjà dans
les premières communautés chrétiennes. A Corinthe, on se divisait, on se disputait.
Aujourd’hui encore les divisions entre chrétiens restent un indéniable
scandale, même si nous venons de clore la semaine de prière pour l’unité des
chrétiens qui nous montre une réelle et réjouissante évolution depuis une
cinquantaine d’année. Même au sein de l’Eglise catholique, des tensions peuvent
apparaître. Un récent article d’un hebdomadaire a voulu présenter sous cet
angle le diocèse qui est le nôtre, essayant de déceler des divisions, plus
mises en scène que réelles d’ailleurs. Vis
à vis de toutes ses limites que nous connaissons bien (et qu’il est un sport
national de relever en France parait-il), le chrétien n’a cependant pas à être
optimiste. Il ne s’agit pas de fermer les yeux sur les manques, les dérives,
les limites. Non. Il faut même sans doute en être bien conscients pour les
combattre. Le président de la Banque Alimentaire ne disait récemment que le
nombre de personnes aidées ne cessait de croître, et particulièrement à Saint
Malo. Va t-il pour autant baisser les bras ? Je ne le crois pas. Mais avec
tous les bénévoles, ils vont au contraire poursuivre leur mobilisation. Sans
oublier d’interpeller ceux qui peuvent agir pour changer cette situation
déplorable. Le Pape François disait « L’espérance,
qui doit être la nôtre, n’est pas de
l’optimisme, ce n’est pas la capacité de regarder les choses avec un esprit
positif et d’aller de l’avant. Non, ça c’est de l’optimisme, ce n’est pas de
l’espérance. L’espérance n’est pas un comportement positif devant les choses.
Pour nous en approcher un peu, nous pouvons dire que l’espérance est un risque,
une attente ardente vers la révélation du Fils de Dieu. Ce n’est pas une
illusion. Avoir l'espérance, c’est justement ceci : « être tendu vers cette
révélation, vers cette joie qui remplira notre visage de sourires ». Les
premiers chrétiens la « dépeignait comme une ancre : l’espérance est une ancre,
une ancre fixée à la rive » de l’au-delà. Belle image qui nous parle dans
notre pays de marins. Alors vient une question : Où sommes nous ancrés ?
Sur quoi est ancré mon cœur ? Les apôtres de l’Evangile nous montre le
chemin. Ils acceptent de jeter leur ancre dans le cœur de Dieu, laissant les
sables mouvants du confort matériel et affectif facile. Leur route avec Jésus
ne sera pas un chemin de roses. Mais l’Espérance en Dieu ne déçoit pas car elle
est un don de Dieu. Nous aussi sommes invités sur ce chemin. Nous aussi sommes
appelés à lever l’ancre de nos petites habitudes, de nos règles bien établies,
de nos arrangements trop humains, pour jeter l’ancre en Dieu, en Celui qui ne
déçoit jamais. Celui que le psalmiste décrit comme lumière et salut. Alors
« de qui aurai-je
crainte ? » poursuit-il. « Espère
le Seigneur, sois fort et prends courage. Espère le Seigneur. »
Oui, Frères et Sœurs,
Espérons le Seigneur… car c’est Lui qui fait advenir son
Royaume. Ce Royaume des Cieux qui est tout proche.
Amen !