En route !
Homélie 3é dimanche de Pâques 2014

- la
première est que cette insistance de la liturgie veut nous montrer que nous
sommes bien là au cœur de la foi chrétienne, à un point décisif, incontournable
pour les premières communautés comme
pour nous aujourd’hui. « Sans la
résurrection, notre foi est vaine » proclame Saint Paul. Saint Pierre
l’exprime dans la 2é lecture : « Ce
n’est pas l’or et l’argent (qui comptent), car ils seront détruits ; c’est
le sang précieux du Christ, l’Agneau sans défaut et sans tache. » Lui
n’est pas détruit même par l’épreuve de la mort. Nous le savons bien
intellectuellement que la Résurrection est importante. Mais il faut aussi que
cela passe dans nos cœurs, dans nos vies.
- 2é
point : et cela est un long chemin. Le chemin des disciples d’Emmaüs,
cœurs lents à croire. Un long chemin pour comme le dit encore Saint Pierre
« comprendre ce qui se passe
aujourd’hui ». Jésus aura la patience « en partant de Moïse et de tous les Prophètes, de leur expliquer, dans
toute l’Écriture, ce qui le concernait. ». Nous sommes nous aussi sur
ce chemin de foi, de conversion, avec Jésus ressuscité qui vient nous expliquer
les Ecritures et nous partager le pain dans le repas eucharistique. L’Ecriture
sainte et les sacrements, parmi lesquels l’Eucharistie qui est source et sommet
pour notre vie chrétienne, sont les nourritures pour la route que nous laisse
le Christ. Deux nourritures où puiser les forces pour tenir et avancer
toujours. Voilà pourquoi, il nous fait encore revenir à la résurrection en ce
3é dimanche de Pâques. Voilà pourquoi, il nous faut y revenir chaque année. Car
Jésus le Christ nous accompagne sur notre route, nous explique les Ecritures,
nous partage le pain et ainsi ouvre nos yeux aveuglés, incapables de le
reconnaître. « Notre cœur n’était-il pas
brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait
comprendre les Écritures ? »
- Tout
cela m’invite à vous proposer de développer une attitude spirituelle importante :
apprendre à reconnaître ce compagnon de route sûr, fidèle qu’est le Christ,
apprendre à reconnaître Dieu présent dans nos vies, apprendre à avoir les yeux
ouverts sur cette présence divine. Vous avez remarqué comme les disciples
d’Emmaüs ne reconnaissent pas Jésus en marchant. Mais c’est à l’auberge, à la
fraction du pain qu’ils le reconnaissent. C’est soir, tandis que le jour
baisse, que nous sommes invités nous aussi à regarder notre journée écoulée et
à nous demander : où Jésus le Christ était-il présent ? Dans quelle
rencontre ? A travers quelle personne rencontrée ? Dans quelle parole
échangée ? Dans quel geste posé ou reçu ? Je ne vous invite pas à une
introspection psychologisante. Non. Simplement à cet exercice de relecture de
nos vies pour y trouver la trace de Dieu, pour ne vivre dans ce monde comme si
Dieu n’existait pas, pour le « reconnaître en toute chose » comme le
dit Saint Ignace de Loyola, pour ne pas rester les disciples aveuglés d’Emmaüs.
Faire ce petit exercice quotidien de reconnaissance peut nous donner la force
d’être des témoins, de nous lever : « Alors
ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en
nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre
les Écritures ? » À l’instant même, ils se levèrent » rapportent
l’évangéliste. Ayant reconnu le Christ, ils ne peuvent faire autre chose que
d’en être les témoins, d’aller le dire à leur frère : « Christ est
ressuscité ! Il est vivant ! »
Certains parmi vous reviennent de Lourdes, du pèlerinage
montfortain, d’autres ont vécu ce beau rassemblement de toutes les paroisses de
notre doyenné dimanche dernier alors « notre cœur n’était-il pas
brulant ? »
Prenons le temps de découvrir les clins Dieu qu’Il nous fait
chaque jour, prenons le temps de trouver Jésus ressuscité marchant sur nos
routes à nos côtés. Aujourd’hui encore dans cette messe, il nous fait
comprendre les Ecritures et nous partage son pain. Il vient nous nourrir pour
poursuivre le chemin de la vie et être les témoins joyeux du Ressuscité !
Alors comme le psalmiste, nous pourrons nous exclamer :
« Je n'ai pas d'autre bonheur que toi.
Tu m'apprends le chemin de la vie :
Devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices ! ».
Oui, Seigneur, tu nous apprends le chemin de la vie.
Amen ! Alléluia !