Homélie de l’Epiphanie 2012 – Carmel de Rennes

Chères Sœurs,
Ainsi aujourd’hui l’Eglise nous invite donc à célébrer l’Epiphanie. Un mot un peu compliqué pour le commun des mortels qui a peut être oublié le sens  de ce terme grec qui signifie manifestation, révélation. Certains en dehors de ce couvent seraient plutôt tentés de penser que c’est la fête des boulangers-pâtissiers avec leurs galettes !

Il est peut être bon d’essayer d’abord de nous redire de quelle manifestation il s’agit dans cette fête. S’il y a manifestation, il y a quelque chose à voir « nos yeux l’ont vu et l’ont reconnu ». Ouvrons donc les yeux sur cette scène qui vient de nous être décrite dans l’Evangile. Cette scène que nous connaissons très bien. Trop bien peut être. Depuis notre plus tendre enfance sans doute elle habite notre imaginaire peuplé de toutes ses crèches que nous avons peut être confectionnées ou en tout cas vues. Mais à force d’être attendri par cette scène maternelle d’une mère mettant au monde un nouveau né dans une étable visitée par trois mages venant d’Orient, Melchior, Gaspard et Balthazar, nous avons peut être oublié ce qui s’y dit de Dieu, le message étonnant de l’Epiphanie. Car regardons bien…

D’un côté, un enfant, un tout petit enfant, bébé de quelques jours dans une endroit sordide : une étable au fin fond de la campagne de Palestine ou dans les quartiers périphériques de Bethleem, qui ressemblerait d’ailleurs peut être aujourd’hui à nos banlieues difficiles. Oui, n’idéalisons pas trop la crèche. Peut être n’y avait-il pas la belle paille toute propre et bien brillante que nous avons l’habitude de mettre sous le petit Jésus de nos crèches pour qu’il soit bien à l’aise ! Cette naissance se fait dans des conditions même pas ordinaires. Mais plus simples encore, plus pauvres encore qu’une naissance habituelle en Palestine. Jésus nait dans cette sobriété extrême. Il n’est entouré, et c’est essentiel cependant, que de l’amour de ces parents, seuls porteurs du lourd secret de sa naissance qui reste sans doute pour eux une énigme, un certain mystère.

Et voilà que trois rois, trois mages, venus de très loin se mettent en route, guidés par une étoile pour adorer ce nouveau-né. Nous disons bien des rois. Qui viennent qui plus est avec de l’or, de l’encens, de la myrrhe, c’est à dire des présents précieux d’une richesse incroyable. Rien n’est ordinaire ici. Qui viennent-ils adorer ? Cet enfant de Marie, l’humble jeune femme de Judée ? Oui la voilà l’Epiphanie : dans cette scène, se révèle pleinement qui est véritablement Jésus. Un roi terrestre comme ceux qui viennent l’adorer ? Surement pas. Il ne serait pas né dans une étable. Et nous savons bien que Jésus lui-même passera sa vie à combattre cette idée. Non alors qui est-il ? Ici nous voyons qu’il est irrémédiablement à la fois homme et Dieu. L’hommage des rois, c’est à Dieu qu’il est rendu. Ainsi dès les premiers jours de sa naissance, nous savons l’extraordinaire bonne nouvelle qui ne cessera de se répéter à travers l’histoire jusqu’à nous : en Jésus Dieu s’est fait homme. « Il n’a pas retenu le rang qui l’égalait à Dieu mais il s’est abaissé devenant semblable aux hommes » comme le dit si bien l’hymme aux philippiens.  Voilà la première et immense bonne nouvelle de cette fête : Dieu s’est fait homme.

Mais il y a un second versant à cette annonce qui nous concerne plus particulièrement : « Dieu s’est fait homme » nous dit un chrétien des premiers siècles  « pour que l’homme soit fait Dieu ».  Si nous n’aurons jamais fini de contempler le mystère du Christ, et nous n’aurons pas assez d’une vie pour cela, nous n’aurons pas non plus assez d’une vie sans doute pour bien prendre en compte ce que la deuxième partie de cette phrase veut dire. Nous sommes appelés à la divinisation. Nous tous, avec ce que nous sommes… Et qui que nous soyons. C’est bien le sens de la venue des trois mages, arrivant de pays différents. Montrant ainsi que l’Evangile est annoncé à tous, que le salut dépasse les frontières. « il n’y aura plus ni juif, ni païens » mais seulement des filles et des fils bien aimés de Dieu. Mes Sœurs : nous sommes appelés à nous approcher de Dieu par la voie de la Sainteté. Rien de moins… rien de plus… Il nous faut prendre cela au sérieux.

La sainteté n’est pas réservée à une élite. Cette semaine les plus grandes salles de la Maison diocésaine ont changé de noms. Elles ne s’apellent plus A,B ou C. Mais salle JP II, Ste Jeanne Jugan et Bx Marcel Callo.  Cela veut nous rappeler que les saints sont des gens pris parmi nous, proches de nous. Jeanne Jugan était de Cancale. Marcel Callo de Rennes. Ou on pourrait ici parler de Ste Thérèse de Lisieux, une jeune fille de Normandie. A quelques centaines de Kms de chez nous et dont le rayonnement maintenant à fait le tour du monde. Marchons vers la sainteté afin que dans qq années, nous puissions mettre votre nom sur une des salles du couloir de la Maison diocésaine.

Oui, la fête de l’Epiphanie est bien la suite logique de celle de Noël car elle nous introduit dans ce double mouvement que les théologiens appellent l’humano-divinisation, mouvement essentiel de notre foi catholique, mouvement essentiel dans lequel nous entraine l’enfant Jésus et les mages :

Toujours plus voir en Lui Dieu présent parmi nous, en notre chair,

Toujours plus vouloir marcher vers Lui, nous approcher de Lui en empruntant le beau chemin de la sainteté.

Amen !

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