Chères Sœurs,
Ainsi aujourd’hui l’Eglise nous invite donc à
célébrer l’Epiphanie. Un mot un peu compliqué pour le commun des mortels qui a
peut être oublié le sens de ce terme
grec qui signifie manifestation, révélation. Certains en dehors de ce couvent
seraient plutôt tentés de penser que c’est la fête des boulangers-pâtissiers
avec leurs galettes !
Il est peut être bon d’essayer d’abord de nous
redire de quelle manifestation il s’agit dans cette fête. S’il y a
manifestation, il y a quelque chose à voir « nos yeux l’ont vu et l’ont
reconnu ». Ouvrons donc les yeux sur cette scène qui vient de nous être
décrite dans l’Evangile. Cette scène que nous connaissons très bien. Trop bien
peut être. Depuis notre plus tendre enfance sans doute elle habite notre
imaginaire peuplé de toutes ses crèches que nous avons peut être
confectionnées ou en tout cas vues. Mais à force d’être attendri par cette
scène maternelle d’une mère mettant au monde un nouveau né dans une étable
visitée par trois mages venant d’Orient, Melchior, Gaspard et Balthazar, nous
avons peut être oublié ce qui s’y dit de Dieu, le message étonnant de
l’Epiphanie. Car regardons bien…
D’un côté, un enfant, un tout petit enfant,
bébé de quelques jours dans une endroit sordide : une étable au fin fond
de la campagne de Palestine ou dans les quartiers périphériques de Bethleem,
qui ressemblerait d’ailleurs peut être aujourd’hui à nos banlieues difficiles.
Oui, n’idéalisons pas trop la crèche. Peut être n’y avait-il pas la belle
paille toute propre et bien brillante que nous avons l’habitude de mettre sous
le petit Jésus de nos crèches pour qu’il soit bien à l’aise ! Cette
naissance se fait dans des conditions même pas ordinaires. Mais plus simples encore,
plus pauvres encore qu’une naissance habituelle en Palestine. Jésus nait dans
cette sobriété extrême. Il n’est entouré, et c’est essentiel cependant, que de
l’amour de ces parents, seuls porteurs du lourd secret de sa naissance qui
reste sans doute pour eux une énigme, un certain mystère.
Et voilà que trois rois, trois mages, venus de
très loin se mettent en route, guidés par une étoile pour adorer ce nouveau-né.
Nous disons bien des rois. Qui viennent qui plus est avec de l’or, de l’encens,
de la myrrhe, c’est à dire des présents précieux d’une richesse incroyable.
Rien n’est ordinaire ici. Qui viennent-ils adorer ? Cet enfant de Marie,
l’humble jeune femme de Judée ? Oui la voilà l’Epiphanie : dans cette
scène, se révèle pleinement qui est véritablement Jésus. Un roi
terrestre comme ceux qui viennent l’adorer ? Surement pas. Il ne
serait pas né dans une étable. Et nous savons bien que Jésus lui-même passera
sa vie à combattre cette idée. Non alors qui est-il ? Ici nous voyons
qu’il est irrémédiablement à la fois homme et Dieu. L’hommage des rois, c’est à
Dieu qu’il est rendu. Ainsi dès les premiers jours de sa naissance, nous savons
l’extraordinaire bonne nouvelle qui ne cessera de se répéter à travers
l’histoire jusqu’à nous : en Jésus Dieu s’est fait homme. « Il n’a
pas retenu le rang qui l’égalait à Dieu mais il s’est abaissé devenant
semblable aux hommes » comme le dit si bien l’hymme aux philippiens. Voilà la première et immense bonne nouvelle
de cette fête : Dieu s’est fait homme.
Mais il y a un second versant à cette annonce
qui nous concerne plus particulièrement : « Dieu s’est fait
homme » nous dit un chrétien des premiers siècles « pour que
l’homme soit fait Dieu ». Si nous
n’aurons jamais fini de contempler le mystère du Christ, et nous n’aurons pas
assez d’une vie pour cela, nous n’aurons pas non plus assez d’une vie sans
doute pour bien prendre en compte ce que la deuxième partie de cette phrase
veut dire. Nous sommes appelés à la divinisation. Nous tous, avec ce que nous
sommes… Et qui que nous soyons. C’est bien le sens de la venue des trois mages,
arrivant de pays différents. Montrant ainsi que l’Evangile est annoncé à tous,
que le salut dépasse les frontières. « il n’y aura plus ni juif, ni
païens » mais seulement des filles et des fils bien aimés de Dieu. Mes
Sœurs : nous sommes appelés à nous approcher de Dieu par la voie de la
Sainteté. Rien de moins… rien de plus… Il nous faut prendre cela au sérieux.
La sainteté n’est pas réservée à une élite.
Cette semaine les plus grandes salles de la Maison diocésaine ont changé de
noms. Elles ne s’apellent plus A,B ou C. Mais salle JP II, Ste Jeanne Jugan et
Bx Marcel Callo. Cela veut nous rappeler
que les saints sont des gens pris parmi nous, proches de nous. Jeanne
Jugan était de Cancale. Marcel Callo de Rennes. Ou on pourrait ici parler de
Ste Thérèse de Lisieux, une jeune fille de Normandie. A quelques centaines de
Kms de chez nous et dont le rayonnement maintenant à fait le tour du monde. Marchons
vers la sainteté afin que dans qq années, nous puissions mettre votre nom sur
une des salles du couloir de la Maison diocésaine.
Oui, la fête de l’Epiphanie est bien la suite
logique de celle de Noël car elle nous introduit dans ce double mouvement que
les théologiens appellent l’humano-divinisation, mouvement essentiel de notre
foi catholique, mouvement essentiel dans lequel nous entraine l’enfant Jésus et
les mages :
Toujours plus voir en Lui Dieu présent parmi
nous, en notre chair,
Toujours plus vouloir marcher vers Lui, nous
approcher de Lui en empruntant le beau chemin de la sainteté.
Amen !