Veilleurs d'aube


Homélie 33é dimanche du T.O. B

Frères et Sœurs,
Nous voici arrivés au dernier dimanche du T.O. La liturgie nous emmène donc à regarder devant, à scruter l’avenir, le concile Vatican II  dira : « savoir lire les signes des temps. ». La première lecture du Livre de Daniel qui nous parle de la résurrection des morts, « en ce temps-là » et l’Evangile reprends l’expression « en ce temps-là » pour parler de sa venue, de son retour final avec grande puissance et grande gloire. La description grandiose qui est faite de « ce temps-là » peut nous affoler un peu. On pourrait se croire dans certains films catastrophe qui nous annonce la fin des temps. Selon Astérix, les Gaulois déjà pensaient que le ciel allait leur tomber sur la tête. Aujourd’hui certains paraît-il font des réserves ou projettent de se rendre dans l’Aude pour attendre la fin du monde prévue le 21 décembre prochain. Heureusement, le préfet, plein de sagesse, a interdit l’accès au site. Alors entendant les paroles de Jésus, devons-nous, nous aussi, céder à la panique ? Nous dire : et si la fin du monde c’était demain : serai-je prêt ? Regardons attentivement l’Evangile. Car le message n’est pas là. Cela ne ressemblerait pas à Jésus.
Regardons le signes décrit : « le soleil s’obscurcira » : cela n’arrive t-il pas tous les soirs ? « La lune perdra de son éclat » : cela n’arrive t-il pas tous les matins ? « Les étoiles tomberont du ciel » : cela s’appelle des météorites et certains mois, il paraît qu’il en tombe un cinquantaine sur terre. Et je pourrais continuer ainsi. Jésus s’appuie ensuite sur une image toute simple et naturelle : celle du figuier qui n’annonce pas le malheur, le froid, la pluie… mais l’été.
De cela, retenons donc :
1.     la vérité de cette venue du Seigneur. C’est bien notre foi. Nous allons la redire ensemble tout de suite : « je crois qu’il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. ». Bien sûr, cela fait presque 2000 ans que nous attendons et peut être faudra t-il encore attendre 2000 ans ? Mais ce n’est pas une raison pour gommer cela de notre horizon.
2.     Seul le Père sait le jour et l’heure. Personne d’autre. « Pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils ». Donc inutile de faire des prévisions, et des provisions d’ailleurs ! Nous perdons notre temps. Tous ceux qui annoncent la fin du monde se trompent et nous trompent. Seul le Christ a les « paroles de la vie éternelle ». Seul le Père a les clés du Royaume.
3.     Nous ne devons pas avoir peur de ce temps qui vient. Au contraire.  Cela sera un temps heureux : le temps de l’été, le temps de la grande réconciliation, du bonheur sans fin. Il nous faut donc l’attendre avec joie et calme. 
4.     Avec les descriptions qu’il emploie, notamment celle du figuier, nous pouvons comprendre que ce Royaume promis, ce temps est déjà commencé. Il n’est pas seulement demain mais déjà là, en germe. Dans notre monde, tout n’est pas pourri ou voué à la destruction. Mais avec ceux qui nous ont précédés, nous sommes les bâtisseurs du Royaume. « Héritiers et bâtisseurs » disait le titre d’un rassemblement il y a quelques années.
5.     Alors que devons-nous faire pour attendre ? Je trouve une réponse dans la lettre aux Hébreux, la seconde lecture : accorder le pardon. Je pense à ces regrets éternels que l’on peut garder lorsqu’un proche nous quitte et que les pardons n’ont pas été donnés. Quelle tristesse et même quelle souffrance parfois. Ainsi sans attendre, nous devons aimer jusqu’à pardonner, comme le Christ qui nous a aimé jusqu’au bout pour le pardon de nos péchés. Reprenant une belle image biblique,  Jean Paul II avait dit aux jeunes d’être des sentinelles du matin. Oui, Frères et Sœurs, soyons des veilleurs d’aube qui annoncent le jour qui vient.  Amen !

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