Témoins de la Lumière

Homélie 2é dimanche de Carême – Année A /2014

Frères et Sœurs,

En lisant l’Evangile de ce jour, j’ai cru y retrouver comme une parabole de la semaine que je viens de vivre. En effet, partir en retraite dans un centre spirituel en l’occurrence située en région parisienne, c’est un peu se mettre dans la situation de Pierre, Jacques et Jean : à l’écart, sur une haute montagne, pour prier. Et essayer de voir Jésus me dire la vérité de ce qu’il est et donc de ce que je suis. D’autant qu’avec le pic de pollution, nous n’étions pas loin d’être dans la nuée… de particules fines malheureusement. Au delà de la plaisanterie, je souhaite à beaucoup d’entre vous de vivre même pendant quelques jours cette rencontre privilégiée du Seigneur dans la prière, l’écoute et la méditation de l’Ecriture Sainte. Comme Pierre, j’étais bien tenté de demander au Seigneur si je pouvais planter ma tente là car « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! ». 

Et si vous n’avez pas la chance de pouvoir prendre 48h. ou plus, essayez la retraite dans la vie… la retraite dans la ville. Comme nous le proposent par exemple sur Internet nos frères dominicains. Ainsi on peut même prendre du temps pour Dieu chaque jour avec son Internet sur l’ordinateur, le téléphone portable ou la tablette. Je connais plusieurs chrétiens qui y trouvent un grand soutien pour leur vie spirituelle quotidienne. 

Si nous nous mettons vraiment à l’écoute des textes de ce jour, et notamment de ce récit étonnant de la Transfiguration, il nous faut aller plus loin qu’une simple invitation à gravir la montagne de la prière. Puisque là-haut, en présence de trois témoins (ce qui veut dire qu’il ne peut y avoir aucun doute sur ce qu’ils ont vu), Jésus est transfiguré. Il « sort » de son apparence terrestre, humaine pour leur montrer son visage divin, entouré de Moïse et Elie. « son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière » sont une annonce. Une annonce de ce qui va venir. 

Alors que nous sommes dans le brouillard du temps du Carême, nous savons que nous allons célébrer la lumière dans la prochaine nuit de Pâques. La lumière, c’est le grand signe de la Résurrection. Ainsi Jésus annonce t-il ici à ses plus proches disciples qu’ils le reverront ressuscités. L’épreuve de la croix qu’ils vont avoir à vivre va les troubler bien sûr mais elle ne sera pas une fin. Jésus traversera cette épreuve et donnera rdv à nouveau sur une montagne à ses apôtres pour se présenter à eux ressuscité. Vous voyez comme ce passage est important. Il annonce le cœur de notre foi chrétienne. Il prépare pédagogiquement les apôtres à l’évènement majeur de la Résurrection. Il nous prépare, au cœur de ce temps de Carême, à accueillir la lumière du feu pascal. 

Dimanche dernier, nous avons eu la joie de partager la route suivie par la vingtaine de catéchumènes adultes de notre diocèse. Vendredi soir, M. Joseph Fadelle, irakien d’origine musulmane converti au catholicisme a témoigné de sa foi, embrassée au péril de sa vie. Pourquoi des femmes et des hommes choisissent le Christ aujourd’hui ? Pour son message de vie, d’espérance, d’amour. Un amour plus fort que la mort. Un amour qui fait choisir la vie. « Cette grâce nous avait été donnée dans le Christ Jésus avant tous les siècles, et maintenant elle est devenue visible à nos yeux, car notre Sauveur, le Christ Jésus, s’est manifesté en détruisant la mort, et en faisant resplendir la vie et l’immortalité » rappelle Saint Paul. 

Durant ces jours de préparation, nous devons nous débarrasser de tous les germes de mort qui pourrissent nos vies. Dans le jardin du centre spirituel, cette semaine, on a brulé les bois morts, les mauvaises herbes, les ronces, les épines. Tout ce qui ne va pas reprendre vie avec le printemps qui vient. Belle image pour un temps de Carême. 

Avec Pierre, Jacques et Jean, nous savons par notre foi que nous croyons en un Dieu de vie, qui nous sauve, nous ressuscitera et nous fera participer à sa vie pour toujours. N’est-ce pas une bonne nouvelle ? Peut-on la garder pour nous. Vendredi soir encore Joseph Fadelle, nous a clairement invité à évangéliser, à porter la joie de l’évangile dit autrement le pape François dans son exhortation dont nous n’avons pas encore entrevue la réelle exigence et sa profondeur. « Prends ta part de souffrance pour l’annonce de l’Evangile » nous rappelle Saint Paul. Pour cela, nous sommes invités à sortir. C’est un grand message du Pape. Comme Abraham qui quitte la Chaldée : « Pars de ton pays, laisse ta famille et la maison de ton père, va dans le pays que je te montrerai. » Et Abraham partit comme le Seigneur lui avait dit. Voilà le grand mouvement de l’Evangélisation. Jésus n’invite pas Pierre à planter sa tente. Mais après la manifestation divine, nuée de l’Esprit, voix du Père, il faut redescendre, aller plus loin, annoncer la Bonne Nouvelle dans d’autres villages. Ce que les apôtres ont reçu, ils ne peuvent le garder pour eux. C’est bien pour cela que Jésus leur demande le secret. Les oreilles et les cœurs des foules ne sont pas prêts encore à comprendre ce qui vient d’arriver sur la montagne. Il faudra attendre la Résurrection pour le dire.  Courir annoncer la Bonne Nouvelle d’un Christ mort et ressuscité !

Frères et Sœurs, ce que nous avons reçu lors de notre baptême n’est pas une bonne nouvelle à cacher. Elle doit être visible. Une lumière n’est pas faite pour être caché sous le boisseau mais mise sur le lampadaire. Nous sommes donc invités à partager la lumière reçue dans notre relation avec le Christ, dans l’écoute de sa parole, dans le partage de cette Eucharistie. C’est ce témoignage humble mais réel qui convertira les cœurs. Pour cela, pas d’autre moyen que de sortir : sortir de nos habitudes, sortir de nos cercles, sortir de nous-mêmes. C’est cet effort que Saint Paul commente « Prends ta part de souffrance pour l’annonce de l’Evangile ». Cela va tout à fait en cohérence avec le témoignage que je vous propose cette semaine de Yann et Jeanne qui sont coopérants au Liban. Pour cette semaine de carême, ils nous écrivent : « Le fait d’être loin de notre pays et de nos familles, nous nous rendons compte qu’il n’est pas si facile d’accepter l’étranger et de lui faire une place dans notre quotidien. Pour la suite du carême nous vous proposons d’être plus attentifs aux nouveaux visages dans votre quartier ou votre paroisse. Une rencontre est toujours source de joie et permet de partager nos modes de vie différents pour œuvrer à un monde plus fraternel. Au Liban, ces rencontres bousculent notre quotidien, pas besoin d’être si loin pour l’expérimenter. Alors laissez la joie de la rencontre transformer vos habitudes. »


 Pierre, Jacques et Jean ont expérimenté cette rencontre bouleversante sur la montagne. Ce matin encore Jésus vient nous rencontrer dans sa Parole, dans son Eucharistie. Comme l’écrit le pape François : ne nous laissons pas voler la joie d’évangéliser, de répandre la douce et réconfortante lumière de l’Evangile.

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