La porte de la vie
Nous
entendions dans le psaume : « le Seigneur est mon berger »
Dans
la seconde lecture : « vous êtes revenu vers le berger qui veille sur
vous »
Dans
l’évangile enfin : Jésus parle de bergerie, de brebis, de pasteur.
A
travers toutes ces allusions, nous comprenons aisément pourquoi nous aimons
appeler ce 4é dimanche de Pâques le dimanche du Bon Pasteur. Mais cela aussi
nous pose une question : il y aurait donc des bons et des mauvais
pasteurs ? Sans doute chacun de nous avons une réponse à cette question.
Mais essayons plutôt d’aller voir la réponse dans l’Evangile. Ecoutons ce que
Jésus nous en dit.
Pour
Lui, le bon pasteur : c’est d’abord celui qui « appelle ses brebis
par son nom ». Et c’est vrai, l’expérience le montre, que c’est très
impressionnant de voir un fermier appeler chacune de ses bêtes par un petit nom
alors que vous vous ne voyez qu’une bête parmi d’autres. Le bon pasteur connaît
ses brebis. Et les brebis connaissent sa voix. Il ne dirige pas un troupeau…
Mais un groupe, une communauté où chacun existe pour lui-même, où il a sa
personnalité, ses qualités et même parfois ses défauts.
Le
bon pasteur est aussi celui qui conduit ses brebis, il marche à leur tête. J’ai
eu la chance de vivre 48h. dans les Pyrénées avec de vrais bergers. Et c’est
vrai que c’est impressionnant de les voir rassembler et guider en quelques
minutes des troupeaux de centaines de brebis !
On comprend bien ces deux premières qualités
de pasteur. Mais il en est une plus étonnante que Jésus met en premier, sans
doute plus difficile à comprendre. Le bon pasteur est celui qui passe par la
porte ! « celui qui entre par la porte, c’est lui le pasteur »
dit Jésus. Que veut dire Jésus et pourquoi insiste t-il là dessus ? Aux
pharisiens qui ne comprennent pas, Jésus reprend et explique : « Je
suis la porte » dit-il. Et là, pour nous au moins, tout s’éclaire. Passer
par la porte : c’est passer par le Christ. Rappelez-vous Saint Jean Paul
II au jour de son élection qui s’était exclamé : « N’ayez pas
peur ! Ouvrez toutes grandes vos portes au Christ ! ». Oui Jésus
est la porte, le point de passage obligé de toute vie chrétienne. Pas de bon
pasteur s’il n’est intiment relié au Christ. Voilà ce que nous redit Jésus. Que
l’on soit Pape, évêque ou prêtre, nous sommes avant tout chrétien. Saint
Augustin écrivait « Pour vous, je suis évêque, avec vous, je suis
chrétien ». Et parce que les premiers gestes, les premières paroles sont
des signes forts, rappelez l’apparition au balcon de Saint Pierre du nouveau
Pape François. Il s’est présenté d’abord en tant que le nouvel évêque de Rome,
se rattachant ainsi à un peuple, son peuple. Et rappelez-vous aussi ce moment
émouvant où il a demandé la prière de tous pour son nouveau ministère. Tous
ministre ordonné, tout pasteur de l’Eglise doit passer par la Porte, par le
Christ, afin d’agir au nom du Christ. Si ce lien est cassé, le ministre devient
« un voleur, un brigand » pour reprendre les expressions de
l’évangile. Un usurpateur.
Vous
allez me dire, frères et sœurs, que je prêche pour moi-même. Que sans doute
vous êtes bien d’accord avec Jésus… que bien impuissants en la matière. Je ne
le crois pas et je m’explique. Les prêtres sont choisis dans le peuple, appelés
parmi vous. Un bon prêtre, c’est d’abord un bon chrétien. Cela nous invite donc
tous à renforcer notre lien au Christ. Cela nous invite à avoir une prière plus
intense… pas forcément plus longue, non, plus intense ! Cela nous invite à
goûter, à fréquenter l’Ecriture Sainte le plus souvent possible, chaque jour !
Cela nous invite à ne pas manquer le rendez-vous de la messe.
On
l’a dit, ce dimanche du Bon Pasteur, est aussi la journée mondiale de prière
pour les vocations. Or on parle facilement de crise des vocations dans notre
pays. On a l’impression que les jeunes ne répondent plus à l’appel à suivre le
Christ. Impression qu’il faut tempérer car les séminaristes existent encore, je
les ai rencontré ! Ceci dit avant d’être une crise des vocations, je crois
que nous sommes d’abord devant une crise de foi de nos sociétés gavées de tout
et de trop ! Beaucoup alors oublient de passer par la porte, de passer par
le Christ. On veut bien les valeurs chrétiennes, sympathiques et rassurantes,
mais pas le Christ. On devient alors les pharisiens du monde moderne. On veut
bien que le Christ vienne nous rassurer mais pas trop nous embêter, nous
questionner sur nos modes de vie, sur nos relations. Qu’Il réponde à nos
prières, d’accord. Mais qu’Il vienne
nous obliger à nous occuper des gamins qui trainent sur le trottoir à longueur
de journée, c’est une autre histoire.
Frères
et Sœurs, il n’y a qu’un moyen pour résoudre la crise des vocations dans
l’Eglise : être une église plus fervente. Je n’ai pas dit une église
pieuse. Non ! Une église qui rayonne du Christ à chaque instant. Une
Eglise qui déborde de l’amour de Dieu jusque dans les périphéries de nos
sociétés, envers les plus pauvres, les plus démunis. « C’est à l’amour que
vous aurez les unes pour les autres que l’on vous reconnaitra ». C’est cet
indispensable témoignage d’une charité vécue qui donnera envie à des jeunes
hommes ou femmes de tout donner pour suivre le Christ et servir ainsi l’Eglise
et le monde. On ne devient pas prêtre ou religieuse par ambition, pour la
gloriole. Et si c’était le cas, on déchanterait vite. On le devient par amour,
amour de Dieu, amour de l’Homme. « Au cœur de l’Eglise, ma mère, je serai
l’amour » clame Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, si bel exemple de vie
donnée, si bel exemple aussi de prière pour les prêtres. Pour cela, tous, nous
tous, vous tous pouvez œuvrer dès maintenant. En passant par la porte. En
reliant toujours plus au Christ. C’est le moyen de favoriser les vocations
consacrées dont l’Eglise et le monde ont besoin. Nous sommes tous concernés.
Frères
et Sœurs, voulez-vous des prêtres ? de saints prêtres ? Priez le
maitre de la moisson d’envoyer des ouvriers pour la moisson. Oui, faites d’abord
et avant tout un acte de confiance, de foi en notre Dieu qui donne en abondance
à ceux qui se confient à Lui.
« Moi
je suis la porte dit Jésus.
Si
quelqu’un entre par moi, il sera sauvé.
Moi,
je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en
abondance. »
Demandons
au Christ, au bon Pasteur, d’envoyer des ministres de la « vie en
abondance ».
Demandons
Lui d’être ces hommes et ces femmes de foi qui portent cette vie à tous ceux
qui l’attendent dans notre monde.
Amen !