L’amour toujours l’amour
Homélie 5é
dimanche de Pâques.
Ce matin
encore deux lectures font explicitement référence à l’amour… Et je ne peux
m’empêcher d’entendre cette critique de certains : « L’amour :
les chrétiens, vous n’avez que ce mot à la bouche.» Et derrière il faut entendre : « ce
commandement de Jésus : qu’en faites-vous ? ». Ce reproche n’est
peut-être pas infondé.
Durant ma vie
de prêtre, j’ai été deux ans dans une paroisse parisienne comme prêtre
étudiant. Cela m’a amené à entendre plusieurs fois prêcher le Cardinal
LUSTIGER. Il m’est venu cette conclusion. En fait, quelle que soit l’assemblée,
la fête, l’Evangile, il revenait toujours à la même chose : il annonçait à
cette assemblée qu’elle était aimée de Dieu qui ne sait faire qu’aimer, nous
aimer… Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est Lui qui nous a aimé. Car
« Dieu est amour » , écrit Saint-Jean. « Moi aussi, je vous
ai aimé, comme le Père m’a aimé » dit Jésus à ses disciples.
À l’heure où
nous tentons, par tous les moyens, de trouver de nouvelles sources d’énergie,
en voici une formidable pour notre vie chrétienne : l’amour de Dieu. Cette
certitude qui doit être la nôtre, d’être aimé, infiniment aimé. Et ça n’a rien
à voir avec l’une de ces caricatures de l’amour que notre société sait si bien
mettre en scène. Ce n’est pas de l’amour à l’eau de rose, dégoulinant de bons
sentiments. Non, c’est l’amour exigeant car nous relevons ainsi du choix de
Dieu. Dieu nous a choisi pour nos aimer : « Ce n’est pas vous qui
m’avez choisi, c’est moi… ». Dieu a choisi de nous aimer chacun. Cela
change la relation : nous ne sommes plus serviteurs mais amis, nous
entrons dans l’intimité du Maître. Nous devons être habités de cette certitude.
Frères et
Sœurs, êtes-vous sûr d’être aimés de Dieu ? Car cela change tout. Cela
nous donne une vraie assurance dans la vie.
Hier soir dans une équipe de couples, un membre disait avec sérieux : « ma
vie a changé le jour où j’ai découvert que Dieu était là ». Car Dieu n’est
pas un menteur. Il aime « en acte et en vérité ». La phrase de Saint
Jean « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi mais moi qui vous ai choisi… »
a été pour moi une clé pour ma vocation de prêtre. J’ai entendu Jésus me le
dire… Depuis, j’ai confiance. Il m’arrive de me tromper, de douter parfois mais
c’est quand j’oublie que Dieu m’aime, qu’Il est l’ami fidèle qui ne déçoit
pas ! Saint Louis Marie Grignon de Montfort disait ceci : « Si
on ne hasarde quelque chose pour Dieu, on ne fait rien de grand pour
Lui ».
Se savoir aimé
de Dieu nous aide à oser faire de grandes choses pour Lui. Hier, avec les
enfants qui préparent leur première communion, nous sommes passés devant la
petite ferme Lemarié où Amélie Fristel débuta son œuvre. En levant le regard,
on aperçoit la grande maison mère des Sœurs et Keriadenn. Qui aurait cru à un tel développement en
1854 ?
Jésus nous le
dit et le répète : « Demeurez dans mon amour ». Pourquoi ?
Parce que là nous avons le roc sur lequel bâtir une maison solide et durable,
faire de choix solides et durables. C’est sur ce roc de l’amour de Dieu que
l’on doit construire une communauté chrétienne, notre communauté chrétienne,
afin qu’elle soit signe, qu’elle porte du fruit, un fruit qui demeure. Être
aimé nous commande d’aimer à notre tour !
Je voudrais
tant que vous sentiez cette force d’amour et qu’elle brille dans vos yeux en
sortant de cette église ce matin. Que ceux qui vous croisent, disent :
« Voyez comme ils s’aiment ». Plus qu’une condition ou un
commandement, Jésus nous laisse un défi : aimer à mesure de son amour sans
mesure, sans limite, sans frontière !