La nuit de l'émerveillement. Noël 2018
Homélie Noël 2018
Frères et Sœurs,
Il y a quelques années, il m’a
été demandé d’accompagner un groupe d’adolescents en camp d’été en Irlande. De
vrais ados, difficiles à satisfaire. Souvent branchés sur leur téléphone et
casque à l’oreille. En plus, en Irlande, les lieux les plus caractéristiques,
hormis les pubs, interdits aux mineurs, sont ces sublimes paysages, cette
nature alliant campagne verdoyante et côte maritime si sauvage. Autant
dire : tout ce qui plait à des ados, en somme ! Aussi lorsque nous
leur avons proposé un après-midi ballade le long de la mer, l’enthousiasme a
été plus que modéré. Et sur place, nous avons eu, avec les animateurs, l’audace
encore plus folle de leur demander de se « débrancher » pendant
trente minutes et d’aller profiter des lieux en silence et seul. Quelle idée
bizarre… et qui pourtant fut une totale réussite. Les premiers bavardages et
rigolades passés, chacun s’est installé face à la mer devant cette étendue
sauvage… Et lorsque nous avons sonné la fin de l’exercice, personne ne voulait
s’arrêter. « Ha, non, M’sieur, c’est trop beau ici ! » Oui, truc
de ouf, ces ados avaient redécouverts qu’ils avaient des yeux… et donc une
capacité à s’émerveiller ! Ils ont été saisis par la beauté des lieux, le
calme, la quiétude de ces falaises en bord de mer. Et ce soir, devant la
crèche, je voudrais que nous fassions aussi la même expérience. Devant ce petit
bébé qui est « conseiller-merveilleux, Dieu-fort, Père-à-jamais, Prince de
la Paix », je voudrais que tous, nous retrouvions la capacité à nous
émerveiller. A ouvrir les yeux car voici la vraie Lumière qui vient éclairer
toutes les nuits de l’humanité. Si nous savons le reconnaître. S’émerveiller,
comme les enfants, les centaines d’enfants des écoles que j’ai vu passer devant
les crèches de nos églises avant Noël. Certains étaient déçus : « ha
c’est que ça ! ». D’autres se laissaient distraire par les à-côtés :
« Oh, t’as vu les moutons ! ». Mais leurs yeux brillaient quand
même. Car dans la simplicité de cette scène, dans le dépouillement de cette
naissance, dans une étable - pas un cinq étoiles, leurs cœurs d’enfants ont su reconnaître
l’immense nouvelle d’un Dieu qui se fait homme. L’immense joie d’un amour qui
se donne à chacun de nous aujourd’hui.
Connaissez-vous le miracle de Noël qui
a eu lieu à Alençon en 1886 ? Celui de la petite fille qui pleurait tout
le temps ? Thérèse… qui deviendra plus tard Sainte Thérèse de l’Enfant
Jésus et de la Sainte Face, Thérèse de Lisieux. 10 ans plus tôt, elle a perdu
sa maman. Et depuis, elle est triste, renfermée, pleure pour un rien. Jusqu’à ce
25 décembre 1886, où, revenant de la messe de Noël, alors que toute la famille est
très attentionnée pour que Thérèse ne pleure pas, elle va être transformée.
Elle retrouve la joie… Et ne pleure plus…jamais… Et même redonne la joie à son
père. Ayant su s’émerveiller devant l’Enfant Jésus, sa venue en ce monde et sa
présence à nos côtés à tous les instants de la vie, Thérèse a retrouvé la joie
profonde qui ne devra jamais plus la quitter, même ensuite, lorsqu’elle sera
longuement malade et alitée.
Voulez-vous vivre de cette joie,
frères et sœurs ? Oui. Alors il faut s’émerveiller. Comment faire ? Voici
quelques conseils simples… et peut être un exercice pratique.
1. Prendre le temps de regarder… Dans la
course de nos vies, savoir s’arrêter, faire une pause. Ainsi dans notre
paroisse, nous avons aménagé un ermitage, une petite maison, prête pour cela, dans
la campagne. Elle accueille qui veut pour un temps de solitude durant 24 ou 48
heures ou plus. Apprendre à perdre du temps pour en gagner.
2. Être responsable de la beauté du
monde… Si nous voulons continuer à nous émerveiller devant un beau paysage, il
nous faut prendre soin de notre planète. Tous et dès maintenant. Par exemple,
très simplement, ce soir, lorsque nous aurons ouverts tous nos cadeaux, mettre
les papiers et les cartons dans la bonne poubelle ! Trier… C’est un bon
début !
3. Voir la beauté en tout homme. S’émerveiller
de ceux qui nous entourent nous invite à regarder chacun avec sa capacité à
grandir, à s’améliorer, à changer. Cela peut aller jusqu’au pardon à donner.
Par-donner, c’est donner au-delà du péché, des limites humaines. Chers gendres,
votre belle-mère a surement des qualités ! Si vous ne les avez pas encore
trouvées, cherchez-les ! D’ailleurs, c’est ici que nous allons faire un
petit exercice pratique d’émerveillement. Vous allez vous tournez vers votre
voisin, lui mettre une main sur son épaule et lui dire : « Merci pour
la merveille que tu es ! ».
4. Savoir donner… Si nous aimons
recevoir, il faut aussi savoir donner. Il y a eu, la semaine dernière, un bel
exemple à Dol de Bretagne. Le local du Secours Catholique a brulé, emportant en
fumée tous les cadeaux de Noël prévus pour les familles déshéritées. Plus rien
à quelques jours de la fête. Un appel a été lancé. Et trois jours plus tard, le
Secours Catholique croulait à nouveau sous les dons des dolois. Comment ne pas
s’émerveiller de tant de générosité ! Nous en sommes tous capables.
Frères et Sœurs,
Ce soir, Dieu, lui aussi se donne à
nous. Nous pouvons prendre l’enfant-Dieu dans nos bras, le bercer, comme le
fait Marie sa mère. Il est là, tout près de nous, tout contre nous. Comment ne
pas nous émerveiller de la grâce de ce mystère d’un Dieu-enfant qui vient à
notre rencontre ? Croire en Dieu, ce soir, cela peut-être pour nous de
renaitre à l’émerveillement devant la beauté de ce que Dieu fait pour moi, avec
moi. Oui, n’ayez pas peur de vous émerveiller ce soir, demain, comme des
enfants. Je vous demande une grâce : ne pas vous endormir ce soir ou
demain soir sans prendre quelques secondes pour regarder votre journée… et vous
émerveiller. Dire : Merci Seigneur car à tel ou tel moment aujourd’hui,
c’était trop beau ! Merci pour cette merveille que tu m’as donnée !
Joyeux noël à tous !
Amen !