Jean ou Thomas ?
Homélie 2é dimanche de Pâques
Depuis dimanche dernier, nous avons la joie de
chanter à nouveau des « alléluias », le cierge pascal est allumé au milieu du chœur de l’église. Après
le temps du Carême, de la Passion, enfin nous pouvons célébrer Pâques. D’ailleurs
devant l’importance de cette fête, la liturgie a fait de la semaine qui vient
de se passer qu’un seul et même jour, l’octave de Pâques. Tous les textes que
nous venons d’entendre nous tournent eux aussi vers cette Résurrection. Vous
avez peut être remarqué que les deux lectures sont exceptionnellement tirées du
Nouveau Testament. Oui, nous voici bien au cœur de la foi chrétienne. Pâques
n’est une fête parmi d’autres. C’est la fête des fêtes. « Si Jésus Christ
n’est pas ressuscité, notre foi est vaine ». Si nous n’avons pas l’assurance
que Jésus a vaincu la mort, si nous n’avons pas l’espérance que nous sommes
invités à participer à cette résurrection, a quoi cela sert-il de croire ?
Tout à l’heure, il y a une phrase que je vais
chanter dans la prière eucharistique, qui prends une importance particulière en
ces temps : « Il est grand le mystère de la Foi ». Dans ce
mystère de la Foi, il y a en son cœur le mystère de la Résurrection. Un mystère
au sens chrétien : pas ce que je ne comprendrais jamais ; mais ce que
je n’aurai jamais fini de comprendre. La Résurrection de Jésus est au cœur de
ce mystère de la Foi.
Regardons comment ont réagi les premiers
chrétiens ? Comment ont réagi ceux qui avaient suivis Jésus de sa
prédication enthousiasmante en Galilée, à la croix et au tombeau ?
Je pense que l’on peut dégager deux types
d’attitude :
-
celle de Jean (ou Pierre)
« il vit et il crut ». Il arrive le premier au tombeau. Il n’entre
pas avant Pierre. Ils entrent et vois… Quoi ? Quasiment rien : le
linceul et le linge qui avait servi pour la tête roulé à part. Pour ces deux
apôtres, la foi en la résurrection est vive, instantanée, simple, évidente.
C’est un peu ce qui se passe aussi pour les
femmes qui viennent de bon matin au tombeau et qui les ont précédées.
-
Autre attitude : celle de
Thomas : « si je ne vois pas, si je ne touche pas : je ne
croirai pas ». Thomas a besoin de preuves, d’évidences. Non seulement, il
veut voir mais aussi toucher. Il fait partis de ces « cœurs lents à
croire ». Et il entend Jésus le Ressuscité lui dire « heureux ceux
qui croient sans avoir vu ».
Jésus valorise l’attitude de Jean ou de Pierre
mais il reste compréhensif à celle de Thomas. Il ne le condamne pas. Il lui
apporte même les preuves dont sa foi a besoin.
Car ce que veut Jésus après la Résurrection,
c’est déverrouiller tous ces cœurs fermés à double tour par la peur. Il veut
les remplir de sa joie. Il veut leur apporter sa Paix et leur donner l’Esprit.
Et nous alors ? Nous sommes ces disciples
qui cheminons dans la Foi. Oui « il est grand le mystère de la Foi ».
Mais la Résurrection ne doit pas être un truc incompréhensible de la foi des
chrétiens que je mets de côté, en attendant plus tard. Non c’est le cœur de
notre foi. Aujourd’hui encore le Christ ressuscité se manifeste à nous :
sommes-nous comme Saint Jean ou comme Saint Thomas ? Nous entendons
l’invitation de Jésus : « cesse d’être incrédule. Sois
croyant ».
Accueillir Jésus Christ ressuscité peut changer
une vie. Vous avez peut être autour de vous le témoignage de femme ou d’homme
que la rencontre du Christ ressuscité a changé. Car la résurrection est un
torrent de vie qui emporte tout sur son passage.
« C’est avec une grande force que les
apôtres portaient témoignage de la Résurrection et la puissance de la grâce était
avec eux tous. » les Actes des Apôtres rapportent comment cela change les
choses. Nous avions aussi ce récit de la première communauté chrétienne. Et
cela existe encore aujourd’hui.
Frères et Sœurs,
La Bonne Nouvelle de la Résurrection nous est
confiée. Nous devons en être les témoins chaque jour. La force et la puissance
de vie de la Résurrection nous est promise à nous tous. Accueillons-les.
Comme aux premiers disciples, Jésus nous donne
sa Paix. Il veut que nous vivions de cette Paix. La joie de Pâques n’est pas
une joie extravagante ! Mais une joie sereine. Qu’elle vous remplisse et
vous accompagne tous ces jours.