L'expérience de la lumière...
« Maintenant,
c’est clair, je suis perdu »… Celui qui décrit cette expérience
traumatisante est un écrivain célèbre, Eric-Emmanuel Schmitt, perdu dans
l’immensité du Hoggar, désert du grand sud algérien. Un soir, le voilà complétement
perdu, abandonné, peu vêtu et sans vivre… Lui arrive alors une expérience
étonnante pendant la nuit. 2 mots reviennent pour la décrire : Mort et Lumière… Cette « nuit de feu »,
ainsi que Pascal décrivait aussi son expérience mystique, nous permet de faire
un rapprochement facile avec ce que nous vivons ce soir en cette Sainte veillée
de Pâques. Et Eric-Emmanuel Schmitt écrit en ce sens : « ce feu,
pourquoi ne pas le nommer Dieu ? ».
Au
cœur de la nuit, des ténèbres de la mort, Dieu vient allumer le feu de sa vie
pour toujours. Il vient nous éclairer du soleil d’un matin de Résurrection.
Peut
être ne ferons-nous pas tous l’expérience d’ E.E. Schmitt. Nous ne sommes pas
obligé d’aller dans le grand sud algérien pour faire l’expérience de Pâques. Bien
que ce soit aussi le lieu d’enfouissement d’un certain Charles de Foucauld
d’ailleurs.
Mais
tous, ce soir, nous sommes invités à accueillir la lumière de Pâques. Pourtant
c’est bien embarrassant. On ne sait pas quoi en faire. On a envie de l’enfouir,
de la cacher cette lumière. Surtout dans notre société où la mode médiatique
n’est pas à la foi catholique. Sacro-sainte laïcité à la française, priez pour
nous ! Et dire autour de nous, qui plus est, que nous croyons à un Dieu
qui s’est fait homme et qui est ressuscité ! Car c’est cela que nous
annonçons à Pâques. Jésus est mort sur la croix… Et « à la pointe de
l’aurore », les femmes découvrent le tombeau ouvert, vide et deux hommes leur annonce : « il
n’est pas ici, il est ressuscité ». Ce jour-là ; l’aurore s’est
levée. Définitivement. Sur le monde. Sur l’Histoire.
Alors
une lumière est-elle faite pour être mise sous le boisseau ? Peut-on
l’enfouir et la cacher ? « Notre cœur n’était-il pas brulant alors
qu’il nous parlait en marchant ? » diront les premiers disciples
rencontrés par le Ressuscité. « Fait chaud, fait bon ici » décrit
E.E. Schmitt. Comment cacher encore cette bonne, cette extraordinaire
nouvelle : la mort est morte ! Elle a été clouée au bois de la Croix.
La vie a gagné définitivement.
Et
là, frères et sœurs, il nous faut choisir ! Vous savez dans la vie, nous
sommes confrontés à ce genre de choix cornéliens : Beurre ou confiture ?
Fromage ou dessert ? Savez-vous qu’en ce moment, un débat formidable
divise le peuple américain en deux camps adverses : il s’agit de choisir
si on est plutôt Batman ou Superman ? Quel super-héros êtes-vous ?
Celui qui vient du mal ou celui qui fait le bien ? C’est, plus
sérieusement, d’une certaine manière le choix de Pâques. Etes-vous pour que la
vie gagne ? Pour que la mort perde définitivement ?
Des
forces de mort sont présentes dans notre monde. Elles frappent au cœur de nos
sociétés occidentales. Encore il y a quelques jours à Bruxelles. Après Paris. Nous
pouvions lire dans le journal dernièrement, le témoignage de ce couple qui
était au Bataclan le 13 novembre dernier. Depuis ils sont encore sous le choc.
Il doivent se ré-éduquer à la vie ! Car il faut choisir la vie !
Parfois,
nous aussi, intérieurement, sans avoir vécu un si grand cataclysme, nous sommes
tentés par nous laisser gagner par la mort. Nous endormir au jardin de Gethsémani.
Jésus n’a pas hésité à aller jusqu’aux profondeurs de la mort pour nous
dire : lève-toi d’entre les morts ! Libère-toi de toutes les
tristesses, les pesanteurs mortels qui t’habitent… et vis ! La dernière
phrase écrite par ma mère quelques heures avant de quitter ce monde est une
citation de Frère Roger de Taizé « ce qui te préoccupe, Dieu s’en
occupe ». Quel beau testament !
Ce
soir, nous avons allumé nos petits cierges au Cierge Pascal, au Christ
vivant ! Nous allons repartir avec.
Ils seront éteints… Mais n’oublions pas que nous avons illuminé cette nuit
avec. Qu’ils peuvent illuminer nos vies : si nous choisissons la
vie ! Si nous osons choisir le Christ, vivant, ressuscité. Alléluia !