Toussaints : et si c'était vrai ?




Nous venons de fêter solennellement la Toussaints. Et même si certains médias ignorent encore la différence entre ce grand rendez-vous de l’année liturgique et la commémoration des fidèles défunts qui la suit, la prédication et la catéchèse nous ont permis de retrouver ces dernières années le sens de cette fête. Les saints sont cette « foule immense » qui ont enrichi notre « patrimoine » chrétien de leur vie et pour certains du sang de leur témoignage. Beaucoup ont reçus de l’Eglise l’honneur des autels. Mais nombreux sont aussi les saints de l’ordinaire, connus seulement de quelques personnes dans leur famille, leur quartier ou leur paroisse. Tous nous avons un ou plusieurs visages qui viennent à notre esprit. 


La sainteté se fait proche. Mais allons-nous jusqu’à croire qu’elle est aussi pour nous ? Le concile Vatican II a rappelé dans un de ces textes les plus important (Lumen Gentium) l’appel universel à la sainteté : « Dans les formes diverses de vie et les charges différentes c’est une seule sainteté que cultivent ceux que conduit l’Esprit de Dieu et qui, obéissant à la voix du Père et adorant Dieu le Père en esprit et en vérité, marchent à la suite du Christ pauvre, humble et chargé de la croix, pour mériter de devenir participants de sa gloire. Chacun doit résolument avancer, selon ses propres dons et ressources, par la voie d’une foi vivante qui stimule l’espérance et agit par la charité. » LG 41

Ce qui veut bien dire que si nous pensons que le Pape est bien le « Saint Père », que les évêques, les prêtres ou les séminaristes avancent à grand pas vers la sainteté par leur choix de vie, osons-nous tenir pour vrai que tous nous sommes invités à la sainteté ? Car telle est bien notre foi. Tous les grands saints de l’histoire de Saint Ignace à Thérèse de Lisieux ont acceptés de marcher sur ce chemin. Sans autre prétention mais par fidélité à leur baptême. 


Bernanos dans une conférence remarquable [1] propose un moyen très évangélique : faire comme les enfants qui « à force de jouer aux grandes personnes deviennent grands à leur tour. Peut être la recette est-elle bonne ? Peut être à force de jouer aux saints, finirions-nous par le devenir ? ». Plus loin, il précise : « Les saints ne sont pas des héros. Un héros nous donne l’illusion de dépasser l’humanité, le saint ne la dépasse pas, il l’assume, il s’efforce de la réaliser le mieux possible (…) Il s’efforce d’approcher le plus près possible de son modèle Jésus-Christ.» Dans quelques jours, la communauté du Séminaire Saint Yves partira en retraite à l’Abbaye de Sept Fons en Bourgogne. Gageons que c’est pour essayer ensemble de « jouer aux saints » et ainsi de le devenir avec la grâce de Dieu.

Père Olivier ROY, diocèse de Rennes


[1] Nos amis les saints in La liberté pour quoi faire ?, Georges Bernanos, Gallimard, Paris, 1953

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