Actualité d'un anniversaire
Homélie 28é dimanche du T.O.
Frères et Sœurs,
Avec tout notre diocèse, et avec l’Eglise
Universelle, nous avons inauguré jeudi dernier l’Année de la Foi voulue par le
Saint Père. Elle commence alors que nous fêtons le 50é anniversaire de
l’ouverture du Concile Vatican II. C’est donc à partir de ces deux évènements
liés que je voudrais construire cette homélie.
1. Que s’est-il passé le 11 octobre 1962 ? Vous me direz que je suis
mal placé pour répondre car ce jour-là… je n’étais conçu que dans le cœur de Dieu.
Mais nous savons bien que 2400 évêques et cardinaux du monde entier se sont
retrouvés à Rome, au Vatican pour ce que le Pape Jean XXIII souhaitait être
« une nouvelle Pentecôte » sur l’Eglise. Par son ampleur et sa
portée, le Concile VII est l’événement majeur de l’histoire récente de
l’Eglise.
2. Qu’a t-il produit ? Au cours des sessions qui s’étendront jusqu'au
7 décembre 1965, Les Pères vont produire des textes qui forment un épais
volume. Textes qui veulent orienter toute la vie de l’Eglise. Et pas seulement
la liturgie. Il serait donc très réducteur de penser que le Concile Vatican II
n’a fait que changer la liturgie. Car la réforme liturgique avait été préparée
dans les années précédant le Concile. Il y a donc quatre types de textes selon
leur importance : constitutions, décrets, déclarations ou messages.
Parcourons le sommaire ensemble. LG / DV / SC / GS les quatre constitutions conciliaires, qui "sont
comme les points cardinaux de cette boussole": Sacrosanctum Concilium sur
la liturgie, qui rappelle la primauté
de l'adoration et le caractère central du mystère christique, Lumen Gentium,
document dogmatique qui rappelle que l'Eglise a pour premier devoir la
glorification de Dieu, Dei Verbum, consacré à la Révélation, à la Parole
vivante de Dieu qui convoque l'Eglise et la vivifie à travers le temps, Gaudium
et Spes, consacrée à la façon de porter au monde la lumière reçue de Dieu. » Puis décrets…puis déclarations… puis messages. Vous voyez ainsi
l’étendue du travail. On parle quasiment de tout et de tous : Le Pape, les
évêques, les prêtres, les religieux, religieuses et les laïcs, un « seul
peuple de Dieu choisi par lui. »
3. Ces textes, les chrétiens ne les connaissent pas forcément très bien.
Ils ont orienté l’Eglise depuis 50 ans… Et ils n’ont pas fini de le faire.
Durant les trois prochaines années, dans notre diocèse, nous sommes invités à
travailler ensemble les plus importants de ces textes. Cette année, c’est Dei Verbum
sur la Révélation Divine, la Sainte Ecriture (formation avec Mme Oberthur). Ecoutons
le Bx JP II nous dire l’actualité du Concile au début de l’actuel
millénaire : « Chers
frères et sœurs, quelles richesses le Concile Vatican II ne nous a-t-il pas
données dans ses orientations ! (…) À mesure que passent les années, ces textes ne perdent rien de leur
valeur ni de leur éclat. Il
est nécessaire qu’ils soient lus de manière appropriée, qu’ils soient connus et
assimilés, comme des textes qualifiés et normatifs du Magistère, à l’intérieur de
la Tradition de l’Église. Alors que le Jubilé est
achevé, je sens plus que jamais le devoir d’indiquer le Concile comme la grande
grâce dont l’Église a bénéficié au vingtième siècle : il nous offre une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin
du (XXIé) siècle. »
Cet anniversaire ne doit donc pas être
simplement le rappel d’un bon souvenir passé ou l’occasion de rappeler le bon
temps du Concile en croyant qu’il est définitivement révolu. Non. Il nous faut
continuer à travailler les textes du Concile qui continue à conduire l’Eglise
aujourd’hui comme une boussole fiable. Benoit XVI a d’ailleurs repris cette expression
parlante pour les marins de St Malo :" Aujourd'hui
encore ils constituent une boussole permettant à la barque de l'Eglise de
naviguer en haute mer, en eaux calmes comme en tempête, vers un port sûr. Le Concile Vatican
II, a
conclu Benoît XVI, "constitue pour nous un fervent appel à redécouvrir
jour après jour la beauté de la foi, à en approfondir la connaissance en vue d'un rapport plus intense avec le Seigneur, à vivre
pleinement notre vocation chrétienne".
C’est justement pour éviter le côté
« année du Souvenir » que nous entrons aussi dans l’Année de la Foi.
Benoit XVI nous stimule pour « confesser
la foi en plénitude avec une conviction renouvelée, avec confiance et
espérance. ». Les évêques de France avaient bien expliqué cela il y a
qq années en commentant l’invitation de Jésus dans l’Evangile à « avancer
au large ». « Les termes qui
expriment cet appel dans l'Evangile de Luc supportent une double traduction:
"Avance en eau profonde" ou bien "Va au large" (cf. Lc
5,4). Dans l'expérience de l'apôtre Pierre, ces deux mouvements se révèlent
inséparables : celui ou celle qui se laisse entraîner, par la foi, dans la
profondeur du mystère de Jésus crucifié et ressuscité, se trouve, d'une manière
ou d'une autre, envoyé dans le monde pour y annoncer l'Evangile. La largeur de
la mission ne peut pas être dissociée de la profondeur de la foi. » Il
s’agit donc pour nous de cultiver en profondeur. De vérifier que nos racines
chrétiennes personnelles sont dans de la bonne terre, de la retourner si besoin
pour l’aérer. D’y mettre un peu d’engrais par la formation, la lecture de la
Bible, d’un texte du Concile pourquoi pas, de « renouveler notre joie et notre enthousiasme de la rencontre du Christ »
selon les mots du Saint Père. Concrètement comment allons-le faire dans notre
diocèse ? Notre archevêque nous invite à appeler des « ambassadeurs
de la foi » : homme ou femme, laïc, religieux, religieuse, famille,
personne en fragilité ou malade, jeune qui est témoin de la lumière de la foi
qui l’habite. Ces ambassadeurs sont invités à susciter des rencontres
fraternelles où chacun sera invité à nourrir sa foi dans la joie de l’échange.
Dans notre paroisse, où je viens d’arriver, j’ai commencé à appeler quelques
personnes. Beaucoup trop peu. Aussi, l’appel va se poursuivre dans les semaines
qui viennent afin que nous soyons 30, 40 peut être 50. Et qu’ainsi autant de
rencontres fraternelles puissent avoir lieu. L’envoi se fera le 1er
dimanche de l’Avent. Si, comme dans un instant, nous avons l’habitude de
proclamer notre foi ensemble, les occasions sont peu fréquentes de dire entre
nous ce qui vraiment nous fait vivre, de retourner aux sources de notre foi, de
nous dire tout ce que le Seigneur a fait d’apparemment impossible dans notre
vie.
Humblement ensemble nous prenons ce
chemin. Nous serons toujours guidés par la Parole de Dieu, vivante, énergique,
plus tranchante qu’un glaive. Nous voulons approfondir ce don de la Grâce
divine reçue à notre baptême et qui chaque jour de notre vie, quelque soit
notre âge et notre expérience, doit grandir, s’affermir. Qu’elle avait raison
cette personne d’un certain âge qui me disait l’autre jour : « dans la Foi, on ne finit jamais
d’apprendre ! »
Chers
amis,
Oui aujourd’hui, je vous invite à franchir la porte de la
foi.
«La porte dela foi» (cf. Ac 14,
27) qui introduit à la vie de communion avec Dieu et permet l’entrée dans son
Église est toujours ouverte pour nous. Il est possible de franchir ce seuil
quand la Parole de Dieu est annoncée
et que le cœur se laisse modeler par la grâce qui transforme. Traverser cette
porte implique de s’engager sur ce chemin qui dure toute la vie. Il commence
par le baptême (cf. Rm 6,
4), par lequel nous pouvons appeler Dieu du nom de Père, et s’achève par le
passage de la mort à la vie éternelle, fruit de la résurrection du Seigneur
Jésus qui, par le don de l’Esprit Saint, a voulu associer à sa gloire elle-même
tous ceux qui croient en lui (cf. Jn 17,
22). Professer la foi dans la Trinité –
Père, Fils et Saint-Esprit – équivaut à croire en un seul Dieu qui est Amour
(cf. 1 Jn 4, 8) : le
Père, qui dans la plénitude des temps a envoyé son Fils pour notre salut ;
Jésus-Christ, qui dans le mystère de sa mort et de sa résurrection a racheté le
monde ; le Saint-Esprit, qui conduit l’Église à travers les siècles dans
l’attente du retour glorieux du Seigneur. »
La porte
est grande ouverte pour chacun de nous. Resterons nous à la porte ? Où
ferons-nous comme le jeune homme de l’Evangile qui s’éloigne du Christ, tout
triste, enfermé dans ses richesses ? Où oserons-nous joyeusement franchir
le Seuil ? Le Christ nous y invite. Le Christ nous y attend.
Amen !