Bondir vers Jésus
Homélie 30é dimanche T.O. B
Frères et Sœurs,
« Que veux-tu que je fasse pour
toi ? » Je terminais mon homélie la semaine dernière un peu de la
même manière. En invitant chacun de nous à nous mettre au service les uns des
autres. Aujourd’hui, je voudrais que nous entendions comme l’aveugle de
l’Evangile, Jésus nous demander : « que veux-tu que je fasse pour
toi ? » Etonnante question déjà dans ce récit. Jésus sait très bien
ce que veut cet homme. Il le sait d’autant mieux que son handicap n’est pas
difficile à trouver : il est aveugle. Cela ne peut être ignoré de
personne. Et pourtant, l’ayant entendu l’appeler de toutes ses forces et
l’ayant fait venir à Lui, il lui demande : « que je veux-tu que je
fasse pour toi ? ». Cette
question est essentielle. Nous le savons bien. Dans tous les récits de
guérison, nous pouvons en retrouver une trace. Jésus ne sélectionne pas ceux
qu’il doit guérir sur des critères humains de bienséance, de richesse,
d’honorabilité. Non. Il n’y a qu’une condition, un seule épreuve : celle
de la foi. Le « que veux-tu que je fasse pour toi ? » peut donc
être traduit en « qu’est-ce que ta confiance en moi va te permettre de me
demander ? » : « Rabbouni, maitre, que je voie ». La
confiance de l’aveugle est totale puisqu’il demande ce qui lui manque le
plus : voir. Et même voir Jésus ! En cette année placée sous le signe
de la foi, comment ne pas relever ce beau témoignage de foi présent dans l’Evangile
de ce jour ? Bartimée est sûrement pour nous un modèle. Essayons de voir
en quoi. « je sais en qui j’ai mis ma foi » écrit Saint Paul à
Timothée. De même, Bartimée, se met à crier car il sait que c’est Jésus qui
passe. Il sait que c’est ce messie dont il a déjà entendu parler. Et cela l’a
mis en confiance. Le premier mot qu’il adresse est bien d’ailleurs d’appeler
Jésus par son nom « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ». Et de
le mettre dans une filiation prestigieuse, populaire pour le Messie. Voilà un
premier point important. Nous vivons une époque où, selon les sociologues,
chacun rempli son caddie à sa guise dans le supermarché de la foi. On parle
aussi de bricolage religieux. Je prends telle chose dans le christianisme,
telle chose dans le bouddhisme, etc… et je me construis ma petite foi
personnelle et portative. Notre foi catholique ne fonctionne pas tout à fait
comme cela. Elle sait la valeur de la liberté individuelle. Et d’ailleurs, elle
en est un peu à l’initiative en reconnaissant le caractère sacré de tout
individu, image de Dieu. Mais dans notre « boutique catholique », il
y a des incontournables. Le Christ en est un. Il est même le point central de
notre foi. Ainsi la lettre aux hébreux que nous lisons ces semaines, évoque son
caractère central en faisant de lui le grand prêtre, « chargé d’intervenir
en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu ». Vous me direz peut
être que tout cela est évident. Tant mieux. Mais il est parfois des évidences
qu’il faut rappeler. Benoit XVI l’évoque dans sa lettre pour ouvrir l’Année de
la Foi : «(il s’agit de) redécouvrir le chemin de la foi pour mettre en lumière de
façon toujours plus évidente la joie et l’enthousiasme renouvelé de la
rencontre avec le Christ (…) Comme la samaritaine, l’homme d’aujourd’hui
peut aussi sentir de nouveau le besoin de se rendre au puits pour écouter Jésus
qui invite à croire en lui et à puiser à sa source, jaillissante d’eau vive
(cf. Jn 4, 14). Nous devons
retrouver le goût de nous nourrir de la Parole de Dieu, transmise par l’Église
de façon fidèle, et du Pain de la vie, offerts en soutien de tous ceux qui sont
ses disciples (cf. Jn 6, 51)
(…) Croire en Jésus Christ est donc le chemin pour pouvoir atteindre de façon
définitive le salut. » Sans cesse, il nous faut donc nous relier au
Christ, bondir jusqu’à Lui. Posons-nous la question : quand est-ce que
j’ai fait appel à Jésus pour la dernière fois ? Comment je nourris ma
relation au Christ chaque jour ? Les moyens sont simples : lecture de
l’Ecriture Sainte, communier au sacrement de l’Eucharistie… Et si je me suis
éloigné de Dieu, recevoir la miséricorde de Dieu dans le sacrement du Pardon.
Un temps y sera consacré cette semaine avant la fête de la Toussaint, mardi
soir de 18h à 20h. dans l’église de Paramé. Nous le ferons avec un temps
d’adoration eucharistique, autre moyen d’entrer dans un cœur à cœur avec le
Seigneur, présent dans son Eucharistie. Si nous sommes conscients de tout ce
que peux faire Jésus pour nous, nous ne pouvons que bondir et courir vers Lui.
Etre dans la même grande joie que le peuple d’Israël du livre de Jérémie qui
découvre que Dieu sauve son peuple de l’esclavage, qu’il les ramène vers les
eaux tranquilles par un bon chemin. Parce que nous approchons du Christ, nous
sentirons alors que nous avons besoin d’être guéri par Lui, sauvé par Lui. Oui,
chers amis, prenons au sérieux cette question de Jésus pour nous :
« que veux-tu que je fasse pour toi ? ». « Rien. J’ai tout
Seigneur ». Alors « l’homme repartit tout triste car il avait de
grands biens ». Quelle différence avec Bartimée ! Car au contraire,
ayant retrouvé la vue, il décide de suivre Jésus sur la route. Ayant eu cette
rencontre bouleversante avec Jésus, il n’a qu’une envie : le suivre,
devenir disciple. Or c’est bien ce que nous cherchons tous : être de bons
disciples, n’est ce pas ? Le secret que nous révèle Bartimée aujourd’hui,
c’est de courir vers Jésus. Pas d’autre moyen. Ouvrir, tourner les yeux vers
Lui qui nous indique le chemin, qui est Le chemin, la vérité et la vie. Benoit
XVI écrit : « la foi grandit et
se renforce seulement en croyant ; il n’y a pas d’autre possibilité pour
posséder une certitude sur sa propre vie sinon de s’abandonner, dans un crescendo continu, entre les mains d’un amour qui
s’expérimente toujours plus grand parce qu’il a son origine en Dieu. » Le
premier et essentiel détour auquel je vous invite dans cette année de la Foi
est de prendre résolument le chemin du Christ, de tenir notre regard fixé sur
Lui, « terme et origine de la
foi ». Approfondissez encore votre foi en Lui, seul capable de tous
nous sauver. Alors nous entendrons le Christ nous dire : « Va, ta foi
t’a sauvé ».
Amen !