Faites le plongeon


Homélie Baptême du Seigneur 2013

Frères et Sœurs,

Dans quelques instants, nous allons baptisés Ambroise. Que va t-il se passer ? Après avoir accueilli sa famille, après avoir entendu la Parole de Dieu comme nous venons de le faire, nous nous placerons devant la cuve baptismale, symboliquement placé au l’entrée de l’église, puis après avoir renoncé au mal et proclamé la foi de l’Eglise, Ambroise recevra l’eau sur son front, cette eau qui donne la vie, qui nous fait vivre et inaugure aussi la vie chrétienne. Ce geste, moment clé du baptême, n’est pas nouveau. Et nous comprenons bien, à entendre l’évangile de ce jour, que déjà Jean le Baptiste utilisait le même geste dans le Jourdain pour signifier la conversion, le changement de vie. En plongeant dans l’eau si précieuse de ce fleuve, les femmes et les hommes qui l’avaient suivi au désert se lavaient tout simplement, enlevaient toute la poussière qu’ils avaient accumulée sur le chemin. Ils ressortaient comme des femmes et des hommes nouveaux, lavés, purifiés. Ce geste tout simple, tout ordinaire, que nous vivons chaque jour aujourd’hui, est donc symbolique de la réalité essentiel du baptême : la victoire de la vie sur la mort et le péché. Comme le Christ est mort et ressuscité, le baptême nous plonge dans cette mort (si nous restons sous l’eau, c’est ce qui risque de nous arriver) et nous ouvre à cette vie en Dieu. L’Eglise aime aussi parler d’une nouvelle naissance : à notre baptême, nous naissons de l’eau et de l’Esprit, car « « Moi, je vous baptise avec de l’eau, dit Jean Baptiste ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi… Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. ».
Voilà quelques minutes déjà que je vous entretiens de ce geste tout simple. Si au moment du baptême, une personne ignorant tout de la religion entrait dans cette église, elle aurait pu dire : « Quoi ? Le baptême : ce n’est que ça ? » Oui, ce n’est que ça… Et en même temps, c’est tout ça. Recevoir de l’eau sur son front un jour de sa vie opère un changement radical dans la personne qui le vit. Ce n’est pas impressionnant. Ce n’est pas aussi étonnant que dans l’Evangile lors du baptême de Jésus. Mais nous ne sommes pas plus grands que le maître ! Mais c’est la profondeur de notre être qui est associée de manière définitive et indélébile à l’amour de Dieu. « C’est toi mon fils, ma fille bien aimée » redit Dieu à chaque baptême.
Que devons-nous en retirer ? Je voudrais aujourd’hui dégager deux points avec vous.
Le premier est de nous rendre compte de la force des gestes dans la liturgie. Ce qui est valable dans le baptême comme lors de la messe. Bien sûr, nous sommes peut-être, par notre culture plus attentifs, à ce qui est dit, aux paroles. Pourtant les gestes sont aussi expressifs. Ils disent des choses profondes si nous acceptons d’y réfléchir un peu. Ils le disent sans qu’il soit besoin d’y ajouter nécessairement des paroles. Sinon cela veut dire qu’ils sont mal faits ! Si nous sommes acteurs de la liturgie, d’une manière ou d’une autre, ne négligeons pas l’importance de notre rôle et de la manière dont nous l’accomplissons. Je m’applique cette règle à moi-même en tout premier lieu et suis ouvert à vos remarques, si elles restent gentilles !

Le second point est que tout baptême célébré, comme cette fête du baptême du Seigneur, doit nous replonger dans notre propre baptême. C’est bien pour cela que nos crèches, en cette année de la Foi, sont autour des baptistères. Notre baptême, c’était loin et sans doute n’en n’avons plus aucun souvenir hormis qq photos. Et pourtant, il doit orienter notre vie chaque jour ! Un célèbre dominicain a écrit un bel ouvrage sur le sujet en invitant ces lecteurs à « faire le plongeon ». Oui, frères et sœurs, faites le plongeon. Baignez vous à nouveau dans la fontaine de renaissance ! Entendons la question que Jean-Paul II avait posé à notre pays lors de sa première visite en France en 1981 : « France, fille ainée de l’Eglise, qu’as-tu fait de ton baptême ? ». Et si cette question est posée à plus large que nous, peut être à ceux qui nous dirigent et qui semblent ignorer les indéniables racines chrétiennes de notre pays, elle est d’abord pour chacun d’entre nous. Si nous, chrétiens, ne sommes pas témoins et fidèles à notre baptême : qui le sera ? Fr. Timothy Radcliffe écrit :
« Le baptême est peut être un acte rituel bref et ordinaire mais –voilà l’amour qui fait de nous de solides enfants de Dieu auxquels est confié l’avenir… Si nous saisissons la beauté de ce sacrement, l’Eglise se développera et sera forte pour proposer la Bonne Nouvelle à notre monde, qui, même s’il ne le sait pas, à faim de cet amour. »

Frères et Sœurs,
Aujourd’hui avec Raphaël baptisé hier à Rothéneuf, avec Ambroise qui sera dans un instant, osons faire le plongeon. Faisons le pèlerinage au baptistère de notre baptême. Venons y redire notre foi, notre souhait toujours vivant de vivre de cette foi, de continuer à progresser que nous ayons été baptisé il y a un an, 10 ans,  30, 50 ou 75 ans plus tôt !

Oui, Seigneur, nous croyons… Fais grandir en nous la foi.

Amen !

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