Regarde Marie...

Homélie Assomption 2013

Frères et Sœurs,

Quelle drôle d’idée a eu l’Eglise de fêter l’Assomption de Marie au plein cœur de l’été ? Cela nous viendrait d’ailleurs d’une tradition byzantine, rite dans lequel on fête la dormition de Marie. En France, en effet, Marie a plutôt choisi l’hiver pour ses apparitions : Lourdes le 11 février 1858, ou plus proche de nous, Pontmain, aux confins de l’Ille et Vilaine et de la Mayenne, le 17 janvier 1871. Mais ces questions de dates ne sont pas très importantes. L’essentiel est de fêter Marie, en communion avec tous les pèlerins réunis à Lourdes, à Pontmain ou ici à Saint Malo. Marie que nous aimons prier dans notre paroisse sous le beau vocable de Notre Dame des Flots. Marie qui s'est révélée donc comme une grande voyageuse. Et ce matin, nous fêtons son voyage inaugural, son voyage le plus spectaculaire, son Assomption, la manière totalement unique, selon notre foi, qu’elle a eu de rejoindre le Ciel, d’entrer en Paradis. Avant d’être un dogme tardif (1950), l’Assomption est depuis des siècles une fête très populaire.  Pourquoi ?

D’abord et principalement parce que Marie est l’une des nôtres. Si ce matin, l’Assomption est un événement extraordinaire, je le disais unique dans l’histoire, n’oublions pas que Marie est avant tout une femme, une toute jeune femme de Palestine, ni plus ni moins. Nous avons l’habitude de la voir dans des représentations majestueuses. Mais elle doit aussi prendre pour nous l’aspect le plus quotidien d’une femme et d’une mère. Je pense à cette photo d’actualité prise pendant la guerre en Irak, je crois, où l’on voyait une mère portant son enfant mort, véritable pieta contemporaine. Ce qui rend Marie si accessible est bien qu’elle soit l’une des nôtres. Par un simple « oui » au message de l’ange, à l’appel du Seigneur, elle est devenue la première sur le chemin de la Foi au Christ. Présence discrète à tous les événements de la vie de Jésus, son Fils, elle est un guide sûr et un modèle. Commentant de façon détaillé le Credo, dans son article 1 sur « Je crois », le catéchisme de l’Eglise catholique nous propose deux modèles d’obéissance à la foi : Abraham, le père de tous les croyants, et surtout Marie qui réalise « de la façon la plus parfaite » précise le CEC l’obéissance de la foi. « Pendant toute sa vie, sa foi n’a pas vacillé (…) aussi l’Eglise vénère t’elle en Marie la réalisation la plus pure de la foi. ». Le Pape François consacre le dernier chapitre de son encyclique Lumen Fidei à Marie : « la Mère du Seigneur est l’icône parfaite de la Foi » écrit-il.

Ainsi avons-nous bien raison de nous mettre à son école, de la prier intensément et de regarder encore et encore ce qu’elle peut nous apporter, le modèle qu’elle est pour nous et qui peut nous aider à progresser dans la foi. Avec vous, je voudrai souligner quelques uns de ses aspects parmi d’autres que vous pourrez découvrir vous-même ou avez déjà découvert.

Marie, modèle de notre foi, par son accueil de la Parole. « Elle gardait tout cela dans son cœur » nous dit l’évangéliste et sa cousine Elisabeth lui révèle « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur.». Notre Foi a besoin de repères sûrs, pas simplement de vagues et nébuleuses pensées spirituelles, aussi belles soient-elles. Et pour cela, nous n’avons pas trente six solutions : l’Ecriture Sainte. Tout au long de notre vie, nous ne devons pas cesser de lire et relire l’Ecriture. La Bible n’est pas un gros livre qui fait décor dans une bibliothèque. Elle doit être notre éternel livre de chevet. Petit à petit, notre vie se nourrit de paroles bibliques. Qu’il est beau pour moi de voir des chrétiens en face de moi lorsque je lis l’Evangile ouvrir les lèvres car ils savent par cœur le passage lu. Par cœur, avec le cœur… Comme Marie, soyons des amoureux de la Parole, du Verbe de Dieu.

Marie est aussi un modèle de maternité. Dans nos vies familiales bousculées par tant de contre modèles, il est sans doute bon de re-découvrir cette mère qua été Marie. Elle était présente mais toujours très discrète, jamais intrusive. Et Jésus adulte a su aussi lui rappeler sa place, parfois avec rudesse. Oui, prions Marie pour les mamans et pour nos familles. Qu’elle soit aussi la Mère consolatrice de ceux qui n’en n’ont pas ou plus.

Marie est un modèle de l’Espérance. Mgr d’Ornellas a souhaité faire installer une statue de Marie, ND de l’Espérance dans sa cathédrale à Rennes. Je crois que c’est un beau signe pour nous, pour notre monde d’aujourd’hui qui souffre tellement du manque d’espérance. L’Espérance chrétienne n’est pas l’optimisme. Marie a montré le plus d’espérance devant la mort et la résurrection de son Fils. Au pied de la croix elle aurait pu tout lâcher devant l’épreuve épouvantable qu’elle vivait. Quel avenir pouvait-il bien y avoir après la Croix ? Mais non. Marie était là au Cénacle avec les Apôtres apeurés. Et le Christ était là présent au milieu d’eux, leur apportant sa Paix. Oui , Frères et Sœurs, Marie est un modèle d’Espérance. Avec elle, nous avons mission de ré-enchanter ce monde, de semer la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui aime passionnément tout homme et qui ouvre un avenir de bonheur  à tous. La mission est grande. Mais Marie nous accompagne.

Enfin, Marie est modèle de joie. Elle l’exprime magnifiquement dans cette belle prière du Magnificat que nous avons entendu dans l’Evangile. Qui doit être notre prière : « j’exulte de joie dans le Seigneur, mon âme jubile en mon Dieu ». Est-ce que chaque soir nous prenons les quelques toutes petites minutes nécessaires à rendre grâce au Seigneur pour ce qu’il nous a donné dans cette journée passée ? Est-ce que nous savons, à l’image de Marie, reconnaître le passage de Dieu, souvent discret, mais bien réel, dans notre quotidien et nous en émerveiller ? Je vous l’assure : pas de meilleur remède aux difficultés de l’endormissement ! Le Magnificat doit être notre prière, comme il est la prière que l’église propose tous les jours à l’office de Vêpres.

Concluons d’ailleurs dans la prière. Avec les mots toujours simples et forts de notre Pape qui conclue ainsi l’encyclique Lumen Fidei :


Tournons-nous vers Marie, Mère de l’Église et Mère de notre foi, en priant :
Ô Mère, aide notre foi !
Ouvre notre écoute à la Parole, pour que nous reconnaissions la voix de Dieu et son appel.
Éveille en nous le désir de suivre ses pas, en sortant de notre terre et en accueillant sa promesse.
Aide-nous à nous laisser toucher par son amour, pour que nous puissions le toucher par la foi.
Aide-nous à nous confier pleinement à Lui, à croire en son amour, surtout dans les moments de tribulations et de croix, quand notre foi est appelée à mûrir.
Sème dans notre foi la joie du Ressuscité.
Rappelle-nous que celui qui croit n’est jamais seul.

Enseigne-nous à regarder avec les yeux de Jésus, pour qu’il soit lumière sur notre chemin. Et que cette lumière de la foi grandisse toujours en nous jusqu’à ce qu’arrive ce jour sans couchant, qui est le Christ lui-même, ton Fils, notre Seigneur !

Amen !

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