Déliez le et laissez le aller
Homélie 5é dimanche de carême – Résurrection de Lazare
Quand j’étais jeune, il y avait une chanson de variété très
populaire d’un interprète maintenant oublié (Hervé Christiani-1981) qui disait
« il est libre max ! » Je ne sais pas qui était ce Max… Mais
c’est ce refrain qui m’est venu à l’esprit en préparant cette homélie ayant en
tête à la fois les textes de ce dimanche et mon retour de pèlerinage de Rome.
Car de la rencontre du Pape François, l’image que je veux retenir d’abord : c’est
celle d’un homme libre. Un évêque qui travaille à la curie nous a révélé que le
Pape lui avait dit au début de son pontificat : « Moi, je n’ai peur
de personne ». Ce qui n’est pas très étonnant vu son passé en Argentine et
déjà cette liberté vécue alors quand il était évêque. Pour évoquer cette
liberté du Saint Père, je voudrai vous rapporter deux faits vécus cette
semaine. D’abord, mercredi matin, lors de l’audience générale, Place Saint
Pierre. Le Pape a fait une catéchèse sur le sacrement du mariage. Elle a duré
une dizaine de minutes. Sur les 10 minutes où le Pape a parlé, nous avons vu
distinctement qu’il a arrêté de lire son texte pendant une bonne moitié du
temps. Il s’est libéré de son texte, parlant simplement à la foule présente,
blaguant avec elle même. De son court message, c’est d’ailleurs cela que nous
avons retenu ; qui nous a le plus marqué. Un autre exemple :
vendredi dernier ; C’était les 24h. du Pardon au Vatican. Le pape devait
confesser des pèlerins à la basilique St Pierre. Là encore, au lieu de rejoindre
le confessionnal qui était prévu pour lui, il s’est affranchi du protocole et,
il est allée lui-même, devant tout le monde, se confesser à un prêtre présent.
Quel beau geste ! Le geste d’un homme libre et qui se donne librement au
pardon de Dieu, le sacrement qui libère et qui redonne sens à la vie.
Voilà aussi ce qui se passe dans l’évangile de ce jour. Jésus
va libérer lui aussi son ami Lazare des liens de la mort. Quand il sort du
tombeau, l’évangéliste précise bien : « Et le mort sortit, les pieds et les mains attachés, le visage enveloppé
d'un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. ». Plus
tard, ressuscité, au cénacle, Jésus dit à ses apôtres : « Tout homme que vous délierez de ses péchés,
ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui
seront maintenus. ». Ezéchiel l’écrit aussi : Dieu ouvre nos tombeaux
et nous en fait sortir, Dieu est celui qui nous fait vivre pleinement.
Chers amis, dans les jours qui viennent et nous préparent à
la grande fête de Pâques, nous sommes invités à retrouver la route du Pardon,
du sacrement que Jésus a laissé pour nous, le sacrement de la réconciliation et
de la pénitence. Je sais bien que beaucoup d’entre vous en ont perdu
l’habitude. Je sais bien que nous avons longtemps proposé des célébrations sans
aveu personnel. Mais je vous invite vraiment à réfléchir honnêtement à la
question : comment puis-je être pleinement libéré de mes péchés si je n’ai
pas entendu une parole personnelle d’absolution ? Croyez-moi : confesser est
le plus beau ministère qu’il m’est donné de vivre comme prêtre. Sortir
quelqu’un des liens de mort qui l’enferme dans son péché et lui donner sans
restriction la grâce du pardon, de la miséricorde de Dieu. Avoir la capacité de
dire au plus grand des pécheurs de cette terre, s’il a le désir sincère de
repentir et la volonté de s’en amender, «Moi, je ne te condamne pas… Va et
ne pèche plus… Tes péchés sont pardonnés.» Quelle grande et belle chose !
Bien heureusement, ici, il n’y a sûrement pas de grands
pécheurs. Et alors ? Raison de plus. Se confesser devrait être encore plus
facile. Le pape l’a dit mercredi. Dans les couples, il y a parfois des
disputes. On fait voler les assiettes. « Mais cela ne doit pas nous attrister car la condition humaine est faite
comme ça. Et le secret : c’est que l’amour est plus fort que le moment où
l’on se dispute. C’est pourquoi je conseille toujours aux époux : lorsque vous
vous disputez, ne finissez pas la journée sans faire la paix. Toujours ! Et
pour faire la paix pas la peine d’appeler les Nations Unies pour qu’elles
viennent faire la paix chez nous. Un petit geste suffit, une caresse, et ciao !
A demain ! Et demain on recommence. ». Et le pape a donné les trois
mots magiques de la vie d’un couple : 3 mots « qui aide beaucoup la vie matrimoniale. Trois mots que l’on doit
toujours dire, trois mots qu’il doit toujours y avoir à la maison : Permisso,
S’il te plait, Grazie, merci, Scusa, excuse-moi. Les trois mots magiques. S’il
te plait ? Que penses-tu de cela ? Puis-je faire ceci ? Merci : remercier
son conjoint ; merci pour ce que tu as fait pour moi, merci pour ci ou pour ça.
Rendre grâce, que c’est beau ! Et comme nous nous trompons tous, il y a un
autre mot un peu difficile à dire mais qu’il faut dire : excuse-moi. S’il te
plait, merci et excuse-moi. Avec ces trois mots, avec la prière de l’époux pour
l’épouse et vice-versa, en faisant toujours la paix avant la fin de la journée,
le mariage continuera. Les trois mots magiques, la prière, et toujours faire la
paix ! ». Ce qui est vrai pour la vie de couple est vrai de la vie
chrétienne. Ne pas s’endormir le soir sans avoir fait la paix avec Dieu aussi.
Sans avoir demander pardon.
« Près de toi,
Seigneur, se trouve le pardon » chante le psalmiste. Pourquoi alors ne
pas s’approcher de Dieu pour le recevoir ? Pourquoi ne pas s’approcher de
Lui avec confiance pour recevoir la tendresse de sa miséricorde ? Dieu ne
se lasse jamais de pardonner. C’est nous malheureusement qui nous lassons de
lui demander pardon. Quel dommage ! Lorsqu’il a appris que son ami Lazare
était mort, l’évangéliste nous dit clairement l’infini tristesse de Jésus et
même ses pleurs. Lorsqu’Il voit un homme enfermé dans les liens mortifères du
péché, Dieu pleure lui aussi et l’invite à la conversion, à la libération. D’où
le sacrement du pardon, signe du Christ pour dire l’amour de Dieu.
Peut être certains ont-ils une mauvaise expérience de
confession en mémoire. Mais si cela a eu lieu il y a 10 ou 30 ans, peut être
faut-il passer à autre chose… Essayer de nouveau. Très simplement. Vous savez
qu’aujourd’hui, le rapport avec les prêtres est, me semble t-il, beaucoup plus
simple… et tant mieux.
Frères et Sœurs, Le Père nous attend, il nous pardonne… Et
comme pour le fils prodigue de l’évangile, en plus il fait la fête ! Que
nos célébrations soient des fêtes du Pardon. Car au lieu de nous réprimander,
au pêcheur qui se convertit, Dieu fait la fête.
Ne donnons donc pas de prise au mal sur nous. Libérons-nous
du poids de nos fautes et n’ayons pas peur de recevoir la force, la grâce de son
pardon. Nous sommes sous l’emprise de l’Esprit, écrit Saint Paul. Cet Esprit
rend libre. Il rend heureux, il rend joyeux. Comme à Lazare, il nous redonne la
vie.
Osons dans les jours qui viennent,
avant Pâques, nous approcher de l’amour de miséricorde de Dieu. Il nous attend
et déjà, Il nous pardonne car Il nous aime.
Amen !