Homélie de Noël
Frères et Sœurs,
Le monde est séparé en deux types de personnes : ceux
qui ouvrent leurs cadeau de Noël dans la Nuit après la messe… ou ceux qui les
ouvrent au matin de Noël. Car, frères et sœurs, soyons honnêtes, si nous
sommes tous contents de fêter saintement la venue en notre monde de notre
Seigneur Jésus Christ, nous aimons bien aussi ouvrir nos cadeaux de Noël !
Et nous avons bien raison ! Souvenons-nous de ca cadeau de Noël qui va
changer la vie, changer le cœur de la Petite Thérèse Martin en cette nuit de
Noël 1886. Elle qui n’était que pleurs y retrouvera une joie sereine et
apaisante.
Moi-même, en me mettant devant le sapin, pourtant bien garni
encore de cadeaux, je me suis aperçu que j’avais déjà reçu ces dernières
semaines un très beau cadeau… qui ne se met pas dans un paquet de toute
façon : le beau cadeau de l’amitié. Ne vous inquiétez pas : ce n’est
pas que je n’avais pas d’amis avant. Non. Mais mes amis les plus anciens
habitent loin. Installé depuis un an et
demi à Saint Malo, je découvre la joie de m’être fait de nouveaux amis. De bons
et vrais amis sur lesquels on peut compter par tous les temps : dans la
joie comme dans les coups durs. Oui quel beau cadeau que d’avoir des
amis ! C’est si important. Que vous soyez enfants, jeunes ou
adultes : ne l’oubliez pas. N’oubliez pas la grâce de l’amitié. Une amitié :
ça se cultive et ça s’entretient. Mais parfois aussi ca se perd. Mais pas
toute.
En ce jour de Noël, il nous est facile de comprendre qu’en
plus de tous nos amis d’ici-bas, nous avons un ami véritable, un ami pour la
vie… éternelle, qui vient de se révéler au cœur de cette nuit à notre monde :
c’est Jésus le Christ. Dieu en nous donnant son Fils, en faisant de Lui un
homme parmi les hommes, nous dit cette amitié infinie qu’il nous porte. En
Jésus, il nous donne un ami au cœur immense. Comme j’ai beaucoup déménagé,
voyagé, été prêtre dans différentes paroisses et missions, je me suis demandé dernièrement
si notre cœur est assez grand pour accueillir encore de nouveaux amis. Dieu
nous donne la réponse : notre capacité d’aimer est un peu à la mesure de
sa capacité d’aimer : c’est à dire sans mesure, sans limite. Dieu en Jésus
a été donné au monde par sa naissance il y a plus de 2000 ans… Mais il continue
de se donner aujourd’hui à notre monde, à nous, à vous, à toi. Il est toujours
là, petit enfant dans la crèche qui nous attends. « Moi, l’enfant de Noël,
je veux te donner mon amour, l’amour infini de Dieu. Alors, quelle sera ta
réponse ? » Dieu est toujours fidèle… Il est là aujourd’hui dans la
crèche. Et moi, vais-je être fidèle pour être l’ami de Jésus ? Ce que nous
sommes invités à redécouvrir aujourd’hui finalement, chers amis, c’est que nous
avons un cœur, un cœur fait pour aimer, un cœur prêt à aimer. Oui, frères et sœurs,
avez-vous du cœur ? Le petit Jésus de la crèche est un cœur battant prêt à
aimer, prêt à nous aimer… Et aujourd’hui, il nous redit que nous aussi nous
avons un cœur prêt à aimer, prêt à l’aimer… Il nous le redit car nous
l’oublions bien souvent. La dureté de notre monde nous fait l’oublier. En
contemplant Jésus nous devons retrouver notre cœur d’enfant. Pas pour gommer
les aridités du monde d’un coup de baguette magique : Dieu n’est pas un
magicien. Non. Mais Noël vient nous redire qu’après chaque tempête (et nous en
avons essuyé une belle la nuit passée) : après la tempête vient toujours
un rayon de soleil, le calme, la paix qui permet de retrouver la liberté, la
joie de sortir à nouveau au grand air. Dans cette église, ensemble, ce soir,
nous venons puiser à la source d’amour de Dieu qui nous donne sa paix et sa
joie. Et ainsi nous pourrons repartir avec un cœur renouvelé, plus beau. Joie
très intérieure bien sûr, très profonde. Mais aussi, joie pour les autres,
tournée vers les autres. La Bonne Nouvelle
de cette nuit de Noël, la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui nous aime tellement
qu’il s’est fait homme, ne peut rester dans l’intimité de cette église. Elle
doit en déborder comme un fleuve d’eau vive. Beaucoup se demandent : mais
pourquoi faire encore la fête ? Dans toute cette consommation effrénée, y
a t-il encore un sens à tout cela ? Certains se ferment même à la fête, à
la joie de Noël. Quelle tristesse d’entendre dire : « moi je n’aime
pas Noël ».
Chers amis, aujourd’hui, il nous faut ré-enchanter ce monde.
Ce n’est pas un miroir aux alouettes qui nous est promis, un cadeau
empoisonné. Non, c’est le cadeau d’un
amour plus fort que tout. Un amour qui peut tout et nous donne l’audace de
vivre ici et maintenant. Et cela n’a aucune valeur marchande. Cela ne se vend
pas, ne s’achète pas. Cela se puise à la source, en Dieu. Gratuitement.
Indéfiniment.
Oui, rendons grâce pour vous tous qui êtes là ce matin.
Découvrez, redécouvrez cet amour dont Jésus est le signe. Découvrez,
redécouvrez l’amour présent en votre cœur. Et soyez-en les témoins autour de
vous. C’est simple. Mais cela peut être une véritable révolution, une
révolution de l’amour comme la nomme le Pape François. Nous avons à la mener ensemble…
Elle doit atteindre le monde. Toutes les périphéries de l’existence. Et on
commence aujourd’hui. Ce matin.
Amen !